Les cinq ‘khandhas‘ représentent des concepts clés dans l’enseignement du Bouddha. En effet, sa définition de la noble vérité du mal-être se résume à la formule:
saṅkhittena pañc·upādāna·kkhandhā dukkhā
en bref, les cinq accumulations d’attachement [constituent] le mal-être
Le problème, c’est que ces concepts, s’ils semblent avoir fait partie du paysage métaphysique de l’époque au même titre que les arbres ou (de nos jours) les pylônes électriques, ils n’en restent pas moins complètement étrangers à notre culture, et il peut ainsi s’avérer difficile de saisir à quoi il font exactement référence.
Je vais dans un premier temps expliquer pourquoi j’ai choisi de traduire ‘khandha’ par ‘accumulation’. La traduction standard en Anglais est ‘aggregate’, qu’on serait tenté de traduire tout simplement par ‘agrégat’. Certains arguent que « l’anglais aggregate est juste, le français agrégat est faux. L’équivalent d’aggregate est ensemble. Un khandha est l’ensemble de tous les éléments de même nature tandis qu’un agrégat agrège des éléments disparates. » Cela peut paraître un peu pointilleux, d’autant plus que chaque khandha agrège un type de phénomènes bien défini, à savoir Forme, Ressenti, Perception, Constructions et Conscience. Dans ce genre de cas, ce que je fais, c’est que je vais chercher l’ensemble des apparitions du mot dans le Vinaya et les quatre Nikayas (i.e. sans le Kuddhakkha Nikaya, dont une grande partie est d’origine tardive), je compare les différents contextes et j’essaie de trouver un dénominateur commun.
On trouve donc, entre autres, les expressions suivantes:
aggi·kkhandha: masse de feu, i.e. un bûcher (MN 35)
mahā udaka·kkhandha: une grande masse d’eau (en référence au Ganges à AN 3.101)
upari·khandha: la masse du haut [du corps], i.e. les épaules (SN 47.19)
khandh·aṭṭhika: un tas d’os (DN 22)
hatthi·kkhandha: une monture d’éléphant (SN 3.21)
parfois dans le sens de tronc d’un arbre:
mahantaṃ kadali·kkhandhaṃ: le tronc d’un grand arbre plantain (SN 22.95)
mahantaṃ dāru·kkhandhaṃ: un grand tronc (SN 35.242)
dans le sens de ‘section’ (d’un livre):
āpatti·kkhandha: section des transgressions (i.e. pārājika, saṅghādisesa, etc.)
avec une connotation abstraite:
avijjā·kkhandha: masse/accumulation d’ignorance
dukkha·kkhandha: masse/accumulation de mal-être
dosa·kkhandha: masse/accumulation d’aversion
pañña·kkhandha: masse/accumulation de discernement
À l’usage, il m’est apparut que le terme « accumulation » est celui qui sied le mieux dans les différents contextes où le mot est utilisé, surtout lorsqu’il a une connotation abstraite, comme c’est le cas pour les cinq accumulations d’attachement.
On trouve des explications du terme dans les souttas, mais il s’avère que les concepts mis en jeu dans ces explications sont considérés comme allant d’eux-mêmes, alors que ce n’est pas du tout le cas pour nous, et en définitive, comme nous allons le voir, ces explications ne sont vraiment compréhensibles pour nous que dans le cas de la première accumulation, la Forme.
MN 109
– “kittāvatā pana, bhante, khandhānaṃ khandhādhivacanaṃ hotī”ti?
– Mais, Bhanté, de quelle manière le terme ‘accumulation’ s’applique-t-il aux accumulations [d’attachement]?
– “yaṃ kiñci, bhikkhu, rūpaṃ, atītānāgatapaccuppannaṃ ajjhattaṃ vā bahiddhā vā, oḷārikaṃ vā sukhumaṃ vā, hīnaṃ vā paṇītaṃ vā, yaṃ dūre santike vā: ayaṃ rūpakkhandho. yā kāci vedanā: atītānāgatapaccuppannā ajjhattaṃ vā bahiddhā vā, oḷārikā vā sukhumā vā, hīnā vā paṇītā vā, yā dūre santike vā: ayaṃ vedanākkhandho. yā kāci saññā: atītānāgatapaccuppannā . pe . yā dūre santike vā: ayaṃ saññākkhandho. ye keci saṅkhārā: atītānāgatapaccuppannā ajjhattaṃ vā bahiddhā vā, oḷārikā vā sukhumā vā, hīnā vā paṇītā vā, ye dūre santike vā: ayaṃ saṅkhārakkhandho. yaṃ kiñci viññāṇaṃ: atītānāgatapaccuppannaṃ ajjhattaṃ vā bahiddhā vā, oḷārikaṃ vā sukhumaṃ vā, hīnaṃ vā paṇītaṃ vā, yaṃ dūre santike vā: ayaṃ viññāṇakkhandho. ettāvatā kho, bhikkhu, khandhānaṃ khandhādhivacanaṃ hotī”ti.
– Bhikkhou toute Forme [matérielle], qu’elle soit passée, présente ou future, intérieure ou extérieure, grossière ou subtile, inférieure ou sublime, éloignée ou proche: voici [ce qu’est] l’accumulation de la Forme. Tout Ressenti, qu’il soit passé, présent ou futur, intérieur ou extérieur, grossier ou subtil, inférieur ou sublime, éloigné ou proche: voici [ce qu’est] l’accumulation du Ressenti. Toute Perception, qu’elle soit passée, présente ou future, intérieure ou extérieure, grossière ou subtile, inférieure ou sublime, éloignée ou proche: voici [ce qu’est] l’accumulation de la Perception. Toutes Constructions, qu’elles soient passées, présentes ou futures, intérieures ou extérieures, grossières ou subtiles, inférieures ou sublimes, éloignées ou proches: voici [ce qu’est] l’accumulation des Consctructions. Toute Conscience, qu’elle soit passée, présente ou future, intérieure ou extérieure, grossière ou subtile, inférieure ou sublime, éloignée ou proche: voici [ce qu’est] l’accumulation de la Conscience. C’est de cette manière, bhikkhou, que le terme ‘accumulation’ s’applique aux accumulations [d’attachement].
Dans le cas de la Forme matérielle, on comprend que le corps humain est fait de matière organique et d’eau, comme on peut en trouver partout autour, ça a du sens pour nous. Mais si on n’est pas familier avec les concepts de Ressenti, Perception, Constructions et Conscience, le reste n’est pas très explicatif, ou en tout cas il ne nous permet pas facilement de conclure: eurêka!
On trouve une autre tentative de définition des khandhas, cette fois avec des exemples, qui permet de lever un coin du voile. Il s’agit de SN 22.79:
Kiñca, bhikkhave, rūpaṃ vadetha? Ruppatīti kho, bhikkhave, tasmā ‘rūpa’nti vuccati. Kena ruppati? Sītenapi ruppati, uṇhenapi ruppati, jighacchāyapi ruppati, pipāsāyapi ruppati, ḍaṃsa-makasa-vātātapa-sarīsapa-samphassenapi ruppati. Ruppatīti kho, bhikkhave, tasmā ‘rūpa’nti vuccati.
Et pourquoi, bhikkhous, l’appelez-vous Forme? C’est parce qu’elle se fait déformer, bhikkhous, qu’elle est appelée ‘Forme’. Déformer par quoi? Déformer par le froid, déformer par la chaleur, déformer par la faim, déformer par la soif, déformer par le contact avec les mouches, les moustiques, le vent, le soleil et les rampants. C’est parce qu’elle se fait déformer, bhikkhous, qu’elle est appelée ‘Forme’.
Kiñca, bhikkhave, vedanaṃ vadetha? Vedayatīti kho, bhikkhave, tasmā ‘vedanā’ti vuccati. Kiñca vedayati? Sukhampi vedayati, dukkhampi vedayati, adukkhamasukhampi vedayati. Vedayatīti kho, bhikkhave, tasmā ‘vedanā’ti vuccati.
Et pourquoi, bhikkhous, l’appelez-vous Ressenti? C’est parce qu’il ressent, bhikkhous, qu’il est appelé ‘Ressenti’. Et que ressent-il? Il ressent le bien-être, il ressent le mal-être, il ressent ce qui est neutre. C’est parce qu’il ressent, bhikkhous, qu’il est appelé ‘Ressenti’.
Kiñca, bhikkhave, saññaṃ vadetha? Sañjānātīti kho, bhikkhave, tasmā ‘saññā’ti vuccati. Kiñca sañjānāti? Nīlampi sañjānāti, pītakampi sañjānāti, lohitakampi sañjānāti, odātampi sañjānāti. Sañjānātīti kho, bhikkhave, tasmā ‘saññā’ti vuccati.
Et pourquoi, bhikkhous, l’appelez-vous Perception? C’est parce qu’elle perçoit, bhikkhous qu’elle est appelée ‘Perception’. Et que perçoit-elle? Elle perçoit le bleu, elle perçoit le jaune, elle perçoit le rouge, elle perçoit le blanc. C’est parce qu’elle perçoit, bhikkhous qu’elle est appelée ‘Perception’.
Kiñca, bhikkhave, saṅkhāre vadetha? Saṅkhatam-abhisaṅkharontīti kho, bhikkhave, tasmā ‘saṅkhārā’ti vuccati. Kiñca saṅkhatam-abhisaṅkharonti? Rūpaṃ rūpattāya saṅkhatam-abhisaṅkharonti, vedanaṃ vedanattāya saṅkhatam-abhisaṅkharonti, saññaṃ saññattāya saṅkhatam-abhisaṅkharonti, saṅkhāre saṅkhārattāya saṅkhatam-abhisaṅkharonti, viññāṇaṃ viññāṇattāya saṅkhatam-abhisaṅkharonti. Saṅkhatam-abhisaṅkharontīti kho, bhikkhave, tasmā ‘saṅkhārā’ti vuccati.
Et pourquoi, bhikkhous, les appelez-vous Fabrications? C’est parce qu’elles construisent le construit, bhikkhous, qu’elles sont appelées ‘Fabrications’. Et quel construit construisent-elles? Elles construisent la Forme en tant que construction, ce qui a pour conséquence le fait d’être doué de Forme. Elles construisent le Ressenti en tant que construction, ce qui a pour conséquence le fait d’être doué de Ressenti. Elles construisent la Perception en tant que construction, ce qui a pour conséquence le fait d’être doué de Perception. Elles construisent les Fabrications en tant que fabrications, ce qui a pour conséquence le fait d’être doué de Fabrications. Elles construisent la Conscience en tant que construction, ce qui a pour conséquence le fait d’être doué de Conscience. C’est parce qu’elles construisent le construit, bhikkhous, qu’elles sont appelées ‘Fabrications’.
Kiñca, bhikkhave, viññāṇaṃ vadetha? Vijānātīti kho, bhikkhave, tasmā ‘viññāṇa’nti vuccati. Kiñca vijānāti? Ambilampi vijānāti, tittakampi vijānāti, kaṭukampi vijānāti, madhurampi vijānāti, khārikampi vijānāti, akhārikampi vijānāti, loṇikampi vijānāti, aloṇikampi vijānāti. Vijānātīti kho, bhikkhave, tasmā ‘viññāṇa’nti vuccati.
Et pourquoi, bhikkhous, l’appelez-vous Conscience? C’est parce qu’elle devient consciente, bhikkhous, qu’elle est appelée ‘Conscience’. Et de quoi devient-elle consciente? Elle devient consciente de ce qui est acide, elle devient consciente de ce qui est amer, elle devient consciente de ce qui est aigre, elle devient consciente de ce qui est sucré, elle devient consciente de ce qui est alcalin, elle devient consciente de ce qui est non-alcalin, devient consciente de ce qui est salé et devient consciente de ce qui est non-salé. C’est parce qu’elle devient consciente, bhikkhous, qu’elle est appelée Conscience.
L’une des principales difficultés qui me sont apparues est de comprendre la différence dans ces définitions entre Saññā et Viññāṇa. La première correspond à percevoir les différentes couleurs, et la seconde ‘devient consciente’ de ce qui est sucré, alcalin ou salé. L’explication que l’on trouve en général est la suivante:
Saññā effectue la reconnaissance en comparant l’information du présent avec celles du passé, alors que Viññāṇa prend connaissance de l’information brute du présent (ou du passé immédiatement précédent), non encore filtrée par Saññā.
Cependant, si l’on croyait avoir avancé avec ça, cette citation de MN 43 semble vouloir tout balayer:
– “yā cāvuso, vedanā yā ca saññā yañca viññāṇaṃ, ime dhammā saṃsaṭṭhā udāhu visaṃsaṭṭhā? labbhā ca panimesaṃ dhammānaṃ vinibbhujitvā vinibbhujitvā nānākaraṇaṃ paññāpetun”ti?
– Amie, en ce qui concerne le Ressenti, la Perception et la Conscience: ces phénomènes sont-ils conjoints ou disjoints? Est-il possible de les séparer les uns des autres et de mettre en évidence leurs différences?
– “yā cāvuso, vedanā yā ca saññā yañca viññāṇaṃ, ime dhammā saṃsaṭṭhā, no visaṃsaṭṭhā. na ca labbhā imesaṃ dhammānaṃ vinibbhujitvā vinibbhujitvā nānākaraṇaṃ paññāpetuṃ. yaṃ hāvuso, vedeti taṃ sañjānāti, yaṃ sañjānāti taṃ vijānāti. tasmā ime dhammā saṃsaṭṭhā no visaṃsaṭṭhā. na ca labbhā imesaṃ dhammānaṃ vinibbhujitvā vinibbhujitvā nānākaraṇaṃ paññāpetun”ti.
– Ami, en ce qui concerne le Ressenti, la Perception et la Conscience: ces phénomènes sont conjoints, et non pas disjoints, et il n’est pas possible de les séparer les uns des autres et de mettre en évidence leurs différences. Car ce qu’on ressent, ami, on le perçoit, et ce qu’on perçoit, on en est conscient. C’est pourquoi ces phénomènes sont conjoints, et non pas disjoints, et il n’est pas possible de les séparer les uns des autres et de mettre en évidence leurs différences.
Pendant longtemps, j’ai donc cru que pour vraiment comprendre ce que sont les accumulations d’attachement, il fallait forcément avoir développé la concentration jusqu’au quatrième jhāna:
SN 22.5
Bhikkhous, développez la concentration. Un bhikkhou qui est concentré comprend les choses telles qu’elles sont dans les faits. Et que comprend-il tel que c’est dans les faits? L’origine et la cessation de Rūpa, l’origine et la cessation de Vedanā, l’origine et la cessation de Saññā, l’origine et la cessation de Saṅkhāra, l’origine et la cessation de Viññāṇa.
Mais j’ai finalement eu mon moment d’ « eurêka! » et je me suis rendu compte au cours d’un discours sur le Dhamma donné dans un monastère au Sri Lanka, dont le thème n’était d’ailleurs pas directement lié aux khandhas, qu’il n’est en fait pas si difficile d’identifier les khandhas en soi-même, même pour un non-méditant. En fait, je me suis ensuite rendu compte que ma compréhension collait même assez bien avec SN 22.47, qui décrit comment une personne crée le Soi sur la base des cinq khandhas:
rūpaṃ attato samanupassati, rūpavantaṃ vā attānaṃ; attani vā rūpaṃ, rūpasmiṃ vā attānaṃ. vedanaṃ attato samanupassati vedanāvantaṃ vā attānaṃ attani vā vedanaṃ vedanāya vā attānaṃ; saññaṃ attato samanupassati saññāvantaṃ vā attānaṃ attani vā saññaṃ saññāya vā attānaṃ; saṅkhāre attato samanupassati saṅkhāravantaṃ vā attānaṃ attani vā saṅkhāre saṅkhāresu vā attānaṃ; viññāṇaṃ attato samanupassati viññāṇavantaṃ vā attānaṃ attani vā viññāṇaṃ viññāṇasmiṃ vā attānaṃ.
Il considère la Forme (i.e. le corps) comme étant Soi, ou bien que le Soi possède la Forme, ou que la Forme est dans le Soi, ou que le Soi est dans la Forme. Il considère le Ressenti comme étant Soi, ou bien que le Soi possède le Ressenti, ou que le Ressenti est dans le Soi, ou que le Soi est dans le Ressenti. Il considère la Perception comme étant Soi, ou bien que le Soi possède la Perception, ou que la Perception est dans le Soi, ou que le Soi est dans la Perception. Il considère les Constructions comme étant Soi, ou bien que le Soi possède les Constructions, ou que les Constructions sont dans le Soi, ou que le Soi est dans les Constructions. Il considère la Conscience comme étant Soi, ou bien que le Soi possède la Conscience, ou que la Conscience est dans le Soi, ou que le Soi est dans la Conscience.
Ainsi, il m’est apparu que les khandhas sont mieux compris comme des mécanismes dynamiques que comme des systèmes fixes qui seraient implantés en nous comme des cartes de composants électroniques dans un ordinateur. Voici donc ce qui m’est apparu. On pourra remarquer que le Bouddha mentionnait toujours les khandhas dans le même ordre, qui semble bien aller du plus facile à identifier vers le plus difficile et subtil.
Rūpa, la Forme, l’accumulation d’attachement la plus facile à comprendre, correspond au corps, et l’on comprend bien comment on peut s’y identifier, car le matérialisme est devenu profondément ancré dans notre culture, preuve en est le « philosophe » Michel Onfray, et nous avons tous fini par y sombrer à divers degrés. Il s’agit donc ici de croire à l’instar de notre ami qu’il y a un Soi qui est matériel, ou qui possède la matière, ou qui contient la matière, ou qui est contenu dans la matière.
Vedanā, le Ressenti, qui n’est somme toute pas si difficile que cela à identifier, se révèle lorsqu’on s’identifie aux ressentis qui apparaissent suite au contact avec les divers objets des sens. On se considère dans ces instants-là comme le sujet qui ressent le caractère agréable, désagréable ou neutre des expériences.
Saññā, la Perception, un peu plus subtile, se révèle lorsqu’on s’imagine être quelqu’un qui comprend une phrase, qui reconnaît un ami dans la foule, qui se souvient du passé, ou qu’on se persuade que les pensées qui passent dans l’esprit ont un auteur auquel on s’identifie.
Saṅkhārā, les Constructions, correspondent semble-t-il à un concept assez subtil, mais on peut en trouver des manisfestations relativement grossières dans la vie de tous les jours, lorsqu’on se persuade que les intentions, les volitions, les décisions qui sont prises par l’esprit sont les créations d’un décideur, ou que les actions sont les œuvres d’un ‘faiseur’. Pour ceux qui ont une expérience chez Goenka, il s’agit de l’identification avec quelqu’un qui déciderait d’obtenir davantage d’une sensation particulière, ou bien de vouloir se débarrasser d’une sensation désagréable, ou alors de tenter de rester équanime.
Viññāṇa, la Conscience, est certainement l’accumulation la plus difficile à appréhender. Comme l’explique MN 43, il est difficile de séparer clairement la Conscience de la Perception et du Ressenti et de donner un exemple où elle serait l’acteur prédominant, car elle fonctionne toujours en arrière-plan, en quelque sorte, comme la base sur laquelle se construit tout le reste de l’expérience, et on s’y identifie de manière plus subtile et donc plus difficilement identifiable. Si l’on entend un son, par exemple, il s’agit d’imaginer être quelqu’un qui perçoit les vibrations sonores, en ‘entendeur’.
J’espère que ces quelques considérations vous auront permis de clarifier un tant soit peu ces concepts qui sont si centraux dans l’enseignement du Bouddha, et pourtant si étrangers à notre culture et notre mode de pensée.