ānāpānassati: [ānāpāna+sati] présence de l’esprit sur la respiration, attention portée à la respiration. Ānāpānassati a son propre saṃyutta (SN 54). La description standard de la pratique d’ānāpānassati est donnée par exemple dans le Mahārāhulovāda Sutta: MN 62 |
“ānāpānassatiṃ, rāhula, bhāvanaṃ bhāvehi. ānāpānassati hi te, rāhula, bhāvitā bahulīkatā mahapphalā hoti mahānisaṃsā. kathaṃ bhāvitā ca, rāhula, ānāpānassati, kathaṃ bahulīkatā mahapphalā hoti mahānisaṃsā ? idha, rāhula,.. | Développe la présence de l’esprit sur la respiration, Rahula. Lorsque la présence de l’esprit sur la respiration est développée et cultivée, elle porte d’excellents fruits, apporte de grands bienfaits. Et comment la présence de l’esprit sur la respiration est-elle développée et cultivée afin de porter d’excellents fruits, d’apporter de grands bienfaits? En cela, Rahula.. |
‘Citta-saṅkhāra-paṭisaṃvedī assasissāmī’ ti sikkhati. ‘Citta-saṅkhāra-paṭisaṃvedī passasissāmī’ ti sikkhati. ‘Passambhayaṃ citta-saṅkhāraṃ assasissāmī’ ti sikkhati. ‘Passambhayaṃ citta-saṅkhāraṃ passasissāmī’ ti sikkhati. | Il s’entraîne: ‘en ressentant les fabrications de l’esprit, je vais inspirer’. Il s’entraîne: ‘en ressentant les fabrications de l’esprit, je vais expirer’. Il s’entraîne: ‘en calmant les fabrications de l’esprit, je vais inspirer’. Il s’entraîne: ‘en calmant les fabrications de l’esprit, je vais expirer’. |
‘Citta-paṭisaṃvedī assasissāmī’ ti sikkhati. ‘Citta-paṭisaṃvedī passasissāmī’ ti sikkhati. ‘Abhippamodayaṃ cittaṃ assasissāmī’ ti sikkhati. ‘Abhippamodayaṃ cittaṃ passasissāmī’ ti sikkhati. ‘Samādahaṃ cittaṃ assasissāmī’ ti sikkhati. ‘Samādahaṃ cittaṃ passasissāmī’ ti sikkhati. ‘Vimocayaṃ cittaṃ assasissāmī’ ti sikkhati. ‘Vimocayaṃ cittaṃ passasissāmī’ ti sikkhati. | Il s’entraîne: ‘en ressentant l’esprit je vais inspirer’. Il s’entraîne: ‘en ressentant l’esprit, je vais expirer’. Il s’entraîne: ‘en satisfaisant l’esprit je vais inspirer’. Il s’entraîne: ‘en satisfaisant l’esprit, je vais expirer’. Il s’entraîne: ‘en concentrant l’esprit je vais inspirer’. Il s’entraîne: ‘en concentrant l’esprit, je vais expirer’. Il s’entraîne: ‘en délivrant l’esprit je vais inspirer’. Il s’entraîne: ‘en délivrant l’esprit, je vais expirer’. |
‘Anicc·ānupassī assasissāmī’ ti sikkhati. ‘Anicc·ānupassī passasissāmī’ ti sikkhati. ‘Virāg·ānupassī assasissāmī’ ti sikkhati. ‘Virāg·ānupassī passasissāmī’ ti sikkhati. ‘Nirodh·ānupassī assasissāmī’ ti sikkhati. ‘Nirodh·ānupassī passasissāmī’ ti sikkhati. ‘Paṭinissagg·ānupassī assasissāmī’ ti sikkhati. ‘Paṭinissagg·ānupassī passasissāmī’ ti sikkhati. | Il s’entraîne: ‘en contemplant l’impermanence je vais inspirer’. Il s’entraîne: ‘en contemplant l’impermanence, je vais expirer’. Il s’entraîne: ‘en contemplant le désenchantement je vais inspirer’. Il s’entraîne: ‘en contemplant le désenchantement, je vais expirer’. Il s’entraîne: ‘en contemplant la cessation je vais inspirer’. Il s’entraîne: ‘en contemplant la cessation, je vais expirer’. Il s’entraîne: ‘en contemplant l’abandon je vais inspirer’. Il s’entraîne: ‘en contemplant l’abandon, je vais expirer’. |
“evaṃ bhāvitā kho, rāhula, ānāpānassati, evaṃ bahulīkatā mahapphalā hoti mahānisaṃsā. evaṃ bhāvitāya, rāhula, ānāpānassatiyā, evaṃ bahulīkatāya yepi te carimakā assāsā tepi viditāva nirujjhanti no aviditā”ti. | Lorsque la présence de l’esprit sur la respiration est développée et cultivée ainsi, Rahula, elle porte d’excellents fruits, apporte de grands bienfaits. Grâce à la présence de l’esprit sur la respiration développée et cultivée ainsi, même les dernières expirations cessent en étant connues, pas en étant méconnues. |
Cette dernière phrase mérite d’être notée: ‘Grâce à la présence de l’esprit sur la respiration développée et cultivée ainsi, même les dernières expirations [avant la mort] cessent en étant connues, pas en étant méconnues’. ♦ D’après le Padīpopama Sutta et l’Icchānaṅgala Sutta, le Bouddha lui-même a une prédilection pour ānāpānassati: SN 54.8 |
evaṃ bhāvito kho, bhikkhave, ānāpānassatisamādhi evaṃ bahulīkato mahapphalo hoti mahānisaṃso. ahampi sudaṃ, bhikkhave, pubbeva sambodhā anabhisambuddho bodhisattova samāno iminā vihārena bahulaṃ viharāmi. tassa mayhaṃ, bhikkhave, iminā vihārena bahulaṃ viharato neva kāyo kilamati na cakkhūni; anupādāya ca me āsavehi cittaṃ vimucci. | Lorsque la concentration au moyen de la présence de l’esprit sur la respiration est développée et cultivée ainsi, elle porte beaucoup de fruits et apporte de grands bienfaits. Moi-même, bhikkhous, avant mon éveil complet, lorsque je n’étais qu’un bodhisatta pas encore pleinement éveillé, j’ai séjourné abondamment dans ce séjour [méditatif]. Lorsque je séjournais abondamment dans ce séjour, bhikkhous, ni mon corps ni mes yeux n’étaient fatigués; et par l’absence d’attachement, mon esprit fut délivré de ses impuretés. |
ekaṃ samayaṃ bhagavā icchānaṅgale viharati icchānaṅgalavanasaṇḍe. tatra kho bhagavā bhikkhū āmantesi — “icchāmahaṃ, bhikkhave, temāsaṃ paṭisallīyituṃ. nāmhi kenaci upasaṅkamitabbo, aññatra ekena piṇḍapātanīhārakenā”ti. “evaṃ, bhante”ti kho te bhikkhū bhagavato paṭissutvā nāssudha koci bhagavantaṃ upasaṅkamati, aññatra ekena piṇḍapātanīhārakena. | En une occasion, le Fortuné séjournait près d’Itchanangala, dans le maquis forestier d’Itchanangala. En cette occasion-là, il s’adressa aux bhikkhous: » Bhikkhous, je souhaite m’isoler pendant trois mois. Que personne ne vienne me voir, mis à part celui qui m’apporte de la nourriture d’aumônes. » « Oui, Bhanté », répondirent les bhikkhous, et personne n’alla voir le Fortuné, mis à part celui qui lui apportait de la nourriture d’aumônes. |
atha kho bhagavā tassa temāsassa accayena paṭisallānā vuṭṭhito bhikkhū āmantesi: “sace kho, bhikkhave, aññatitthiyā paribbājakā evaṃ puccheyyuṃ: ‘katamenāvuso, vihārena samaṇo gotamo vassāvāsaṃ bahulaṃ vihāsī’ti, evaṃ puṭṭhā tumhe, bhikkhave, tesaṃ aññatitthiyānaṃ paribbājakānaṃ evaṃ byākareyyātha — ‘ānāpānassatisamādhinā kho, āvuso, bhagavā vassāvāsaṃ bahulaṃ vihāsī’ti. | Alors à la fin de ces trois mois, le Fortuné sortit de l’isolement et s’adressa aux bhikkhous: « Bhikkhous, si des vagabonds spirituels hétérodoxes vous demandent: ‘Ami, dans quel séjour le renonçant Gotama séjourne-t-il le plus pendant la retraite des pluies?’ vous devriez leur répondre: ‘Ami, c’est dans la concentration au moyen de la présence de l’esprit sur la respiration que le Fortuné séjourne le plus pendant la retraite des pluies.' » |
♦ Le Bouddha fait grandement l’éloge d’un bhikkhou qui pratique ānāpānassati: AN 1.479 |
“accharāsaṅghātamattampi ce, bhikkhave, bhikkhu ānāpānassatiṃ bhāveti bhāveti, ayaṃ vuccati, bhikkhave — ‘bhikkhu arittajjhāno viharati, satthusāsanakaro ovādapatikaro, amoghaṃ raṭṭhapiṇḍaṃ bhuñjati’. ko pana vādo ye naṃ bahulīkarontī”ti! | Bhikkhous, si un bhikkhou développe la perception de non-complaisance envers le monde entier, ne serait-ce que le temps d’un claquement de doigts, on dit de lui que c’est un bhikkhou qui n’est pas dépourvu de méditation, qui suit les instructions de l’Enseignant, qui répond aux exhortations, et qui ne mange pas la nourriture du pays en vain. Et que dire de ceux qui la cultivent! |
♦ D’après le Mahākappina Sutta, ānāpānassati produit une stabilité du corps et de l’esprit: SN 54.7 |
tena kho pana samayena āyasmā mahākappino bhagavato avidūre nisinno hoti pallaṅkaṃ ābhujitvā ujuṃ kāyaṃ paṇidhāya parimukhaṃ satiṃ upaṭṭhapetvā. addasā kho bhagavā āyasmantaṃ mahākappinaṃ avidūre nisinnaṃ pallaṅkaṃ ābhujitvā ujuṃ kāyaṃ paṇidhāya parimukhaṃ satiṃ upaṭṭhapetvā. disvāna bhikkhū āmantesi: | En cette occasion-là, le vénérable Mahakappina était assis non loin du Fortuné, jambes croisées, maintenant [son] corps droit, et mettant en place [sa] présence d’esprit entre le nez et la bouche. Le Fortuné vit le vénérable Mahakappina assis non loin de là, jambes croisées, maintenant [son] corps droit, et mettant en place [sa] présence d’esprit entre le nez et la bouche. L’ayant vu, il s’adressa aux bhikkhous: |
— “passatha no tumhe, bhikkhave, etassa bhikkhuno kāyassa iñjitattaṃ vā phanditattaṃ vā”ti? | — Bhikkhous, est-ce que vous voyez un vacillement ou des tremblements dans le corps de ce bhikkhou? |
— “yadāpi mayaṃ, bhante, taṃ āyasmantaṃ passāma saṅghamajjhe vā nisinnaṃ ekaṃ vā raho nisinnaṃ, tadāpi mayaṃ tassa āyasmato na passāma kāyassa iñjitattaṃ vā phanditattaṃ vā”ti. | — Bhanté, chaque fois que nous voyons ce vénérable, que ce soit au sein de la Communauté ou assis tout seul en privé, nous ne voyons pas de vacillement ni de tremblements dans son corps. |
… | … |
“ānāpānassatisamādhissa, bhikkhave, bhāvitattā bahulīkatattā neva kāyassa iñjitattaṃ vā hoti phanditattaṃ vā, na cittassa iñjitattaṃ vā hoti phanditattaṃ vā. | C’est par le développement et la culture de la concentration au moyen de la présence de l’esprit sur la respiration, bhikkhous, qu’il n’y a pas de vacillement ou de tremblement dans le corps, ni de vacillement ou de tremblement dans l’esprit. |
♦ La pratique d’ānāpānassati est recommandée comme remède à l’agitation mentale: AN 6.115 |
cetaso vikkhepassa pahānāya ānāpānassati bhāvetabbā | pour abandonner l’agitation mentale, la présence de l’esprit sur la respiration devrait être développée |
Elle est également recommandée pour ‘couper’ les pensées (vitakk·upacchedāya) et éliminer les schémas de pensés extérieures perturbateurs (bāhirā vitakkāsayā vighāta·pakkhikā) AN 9.1 |
ānāpānassati bhāvetabbā vitakkupacchedāya | la présence de l’esprit sur la respiration est à développer pour l’arrêt des pensées |
It 85 |
ānāpānassatiyā ajjhattaṃ parimukhaṃ sūpaṭṭhititāya ye bāhirā vitakkāsayā vighātapakkhikā, te na honti | Lorsque la présence de l’esprit sur la respiration est bien mise en place entre le nez et la bouche, il n’y a pas de pensés extérieures perturbatrices |
♦ L’Ānāpānassati Sutta explique comment la pratique d’ānāpānassati porte la pratique des satipaṭṭhānas à sa plénitude: MN 118 |
“kathaṃ bhāvitā ca, bhikkhave, ānāpānassati kathaṃ bahulīkatā cattāro satipaṭṭhāne paripūreti? yasmiṃ samaye, bhikkhave, bhikkhu dīghaṃ vā assasanto ‘dīghaṃ assasāmī’ti pajānāti, dīghaṃ vā passasanto ‘dīghaṃ passasāmī’ti pajānāti; rassaṃ vā assasanto ‘rassaṃ assasāmī’ti pajānāti, rassaṃ vā passasanto ‘rassaṃ passasāmī’ti pajānāti; ‘sabbakāyapaṭisaṃvedī assasissāmī’ti sikkhati, ‘sabbakāyapaṭisaṃvedī passasissāmī’ti sikkhati; ‘passambhayaṃ kāyasaṅkhāraṃ assasissāmī’ti sikkhati, ‘passambhayaṃ kāyasaṅkhāraṃ passasissāmī’ti sikkhati; kāye kāyānupassī, bhikkhave, tasmiṃ samaye bhikkhu viharati ātāpī sampajāno satimā vineyya loke abhijjhādomanassaṃ. kāyesu kāyaññatarāhaṃ, bhikkhave, evaṃ vadāmi yadidaṃ — assāsapassāsā. tasmātiha, bhikkhave, kāye kāyānupassī tasmiṃ samaye bhikkhu viharati ātāpī sampajāno satimā vineyya loke abhijjhādomanassaṃ. | Et comment, bhikkhous, ānāpānassati est-elle développée, comment est-elle cultivée afin de porter les quatre satipaṭṭhānas à leur plénitude? Lorsque, bhikkhous, un bhikkhou, en inspirant longuement, comprend: ‘j’inspire longuement’; en expirant longuement comprend: ‘j’expire longuement’; en inspirant courtement comprend: ‘J’inspire courtement’; en expirant courtement comprend: ‘j’expire courtement’; qu’il s’entraîne: ‘en ressentant le corps tout entier, je vais inspirer’; qu’il s’entraîne: ‘en ressentant le corps tout entier, je vais expirer’; qu’il s’entraîne: ‘en calmant les fabrications du corps je vais inspirer’; qu’il s’entraîne: ‘en calmant les fabrications du corps, je vais expirer’, à ce moment-là, bhikkhous, le bhikkhu reste à observer le corps dans le corps, ardent, doué d’un discernement attentif, présent d’esprit, ayant abandonné abandonné convoitise et affliction mentale vis-à-vis du monde. Je dis, bhikkhous, que l’inspiration et l’expiration constituent un certain corps dans le corps. C’est pourquoi, bhikkhous, en cette occasion un bhikkhou reste à observer le corps dans le corps, ardent, doué d’un discernement attentif, présent d’esprit, ayant abandonné abandonné convoitise et affliction mentale vis-à-vis du monde. |
“yasmiṃ samaye, bhikkhave, bhikkhu ‘pītipaṭisaṃvedī assasissāmī’ti sikkhati, ‘pītipaṭisaṃvedī passasissāmī’ti sikkhati; ‘sukhapaṭisaṃvedī assasissāmī’ti sikkhati, ‘sukhapaṭisaṃvedī passasissāmī’ti sikkhati; ‘cittasaṅkhārapaṭisaṃvedī assasissāmī’ti sikkhati, ‘cittasaṅkhārapaṭisaṃvedī passasissāmī’ti sikkhati; ‘passambhayaṃ cittasaṅkhāraṃ assasissāmī’ti sikkhati, ‘passambhayaṃ cittasaṅkhāraṃ passasissāmī’ti sikkhati; vedanāsu vedanānupassī, bhikkhave, tasmiṃ samaye bhikkhu viharati ātāpī sampajāno satimā vineyya loke abhijjhādomanassaṃ. vedanāsu vedanāññatarāhaṃ, bhikkhave, evaṃ vadāmi yadidaṃ — assāsapassāsānaṃ sādhukaṃ manasikāraṃ. tasmātiha, bhikkhave, vedanāsu vedanānupassī tasmiṃ samaye bhikkhu viharati ātāpī sampajāno satimā vineyya loke abhijjhādomanassaṃ. | Lorsque, bhikkhous, un bhikkhou s’entraîne: ‘en ressentant l’exaltation, je vais inspirer’; s’entraîne: ‘en ressentant l’exaltation, je vais expirer’; s’entraîne: ‘en ressentant le bien-être, je vais inspirer’; s’entraîne: ‘en ressentant le bien-être, je vais expirer’; s’entraîne: ‘en ressentant les fabrications de l’esprit, je vais inspirer’; s’entraîne: ‘en ressentant les fabrications de l’esprit, je vais expirer’; s’entraîne: ‘en calmant les fabrications de l’esprit, je vais inspirer’; s’entraîne: ‘en calmant les fabrications de l’esprit, je vais expirer’, à ce moment-là, bhikkhous, le bhikkhu reste à observer les ressentis dans les ressentis, ardent, doué d’un discernement attentif, présent d’esprit, ayant abandonné convoitise et affliction mentale vis-à-vis du monde. Je dis, bhikkhous, que l’attention minutieuse portée à l’inspiration et l’expiration constitue un certain ressenti dans les ressentis. C’est pourquoi, bhikkhous, en cette occasion un bhikkhou reste à observer les ressentis dans les ressentis, ardent, doué d’un discernement attentif, présent d’esprit, ayant abandonné abandonné convoitise et affliction mentale vis-à-vis du monde. |
“yasmiṃ samaye, bhikkhave, bhikkhu ‘cittapaṭisaṃvedī assasissāmī’ti sikkhati, ‘cittapaṭisaṃvedī passasissāmī’ti sikkhati; ‘abhippamodayaṃ cittaṃ assasissāmī’ti sikkhati, ‘abhippamodayaṃ cittaṃ passasissāmī’ti sikkhati; ‘samādahaṃ cittaṃ assasissāmī’ti sikkhati, ‘samādahaṃ cittaṃ passasissāmī’ti sikkhati; ‘vimocayaṃ cittaṃ assasissāmī’ti sikkhati, ‘vimocayaṃ cittaṃ passasissāmī’ti sikkhati; citte cittānupassī, bhikkhave, tasmiṃ samaye bhikkhu viharati ātāpī sampajāno satimā vineyya loke abhijjhādomanassaṃ. nāhaṃ, bhikkhave, muṭṭhassatissa asampajānassa ānāpānassatiṃ vadāmi. tasmātiha, bhikkhave, citte cittānupassī tasmiṃ samaye bhikkhu viharati ātāpī sampajāno satimā vineyya loke abhijjhādomanassaṃ. | Lorsque, bhikkhous, un bhikkhou s’entraîne: ‘en ressentant l’esprit je vais inspirer’; s’entraîne: ‘en ressentant l’esprit, je vais expirer’; s’entraîne: ‘en satisfaisant l’esprit je vais inspirer’; s’entraîne: ‘en satisfaisant l’esprit, je vais expirer’; s’entraîne: ‘en concentrant l’esprit je vais inspirer’; s’entraîne: ‘en concentrant l’esprit, je vais expirer’; s’entraîne: ‘en délivrant l’esprit je vais inspirer’; s’entraîne: ‘en délivrant l’esprit, je vais expirer’, à ce moment-là, bhikkhous, le bhikkhu reste à observer l’esprit dans l’esprit, ardent, doué d’un discernement attentif, présent d’esprit, ayant abandonné abandonné convoitise et affliction mentale vis-à-vis du monde. Je ne parle pas, bhikkhous, d’ānāpānassati pour celui qui perd la présence d’esprit, celui qui n’a pas de discernement attentif. C’est pourquoi, bhikkhous, en cette occasion un bhikkhou reste à observer l’esprit dans l’esprit, ardent, doué d’un discernement attentif, présent d’esprit, ayant abandonné abandonné convoitise et affliction mentale vis-à-vis du monde. |
“yasmiṃ samaye, bhikkhave, bhikkhu ‘aniccānupassī assasissāmī’ti sikkhati, ‘aniccānupassī passasissāmī’ti sikkhati; ‘virāgānupassī assasissāmī’ti sikkhati, ‘virāgānupassī passasissāmī’ti sikkhati; ‘nirodhānupassī assasissāmī’ti sikkhati, ‘nirodhānupassī passasissāmī’ti sikkhati; ‘paṭinissaggānupassī assasissāmī’ti sikkhati, ‘paṭinissaggānupassī passasissāmī’ti sikkhati; dhammesu dhammānupassī, bhikkhave, tasmiṃ samaye bhikkhu viharati ātāpī sampajāno satimā vineyya loke abhijjhādomanassaṃ. so yaṃ taṃ abhijjhādomanassānaṃ pahānaṃ taṃ paññāya disvā sādhukaṃ ajjhupekkhitā hoti. tasmātiha, bhikkhave, dhammesu dhammānupassī tasmiṃ samaye bhikkhu viharati ātāpī sampajāno satimā vineyya loke abhijjhādomanassaṃ. | Lorsque, bhikkhous, un bhikkhou s’entraîne: ‘en contemplant aniccā je vais inspirer’; s’entraîne: ‘en contemplant aniccā, je vais expirer’; s’entraîne: ‘en contemplant le désenchantement je vais inspirer’; s’entraîne: ‘en contemplant le désenchantement, je vais expirer’; s’entraîne: ‘en contemplant la cessation je vais inspirer’; s’entraîne: ‘en contemplant la cessation, je vais expirer’; s’entraîne: ‘en contemplant l’abandon je vais inspirer’; s’entraîne: ‘en contemplant l’abandon, je vais expirer’, à ce moment-là, bhikkhous, le bhikkhu reste à observer les phénomènes dans les phénomènes, ardent, doué d’un discernement attentif, présent d’esprit, ayant abandonné abandonné convoitise et affliction mentale vis-à-vis du monde. Celui qui a abandonné convoitise et affliction mentale, ayant vu avec discernement, observe de près avec équanimité. C’est pourquoi, bhikkhous, en cette occasion un bhikkhou reste à observer les phénomènes dans les phénomènes, ardent, doué d’un discernement attentif, présent d’esprit, ayant abandonné abandonné convoitise et affliction mentale vis-à-vis du monde. |
“evaṃ bhāvitā kho, bhikkhave, ānāpānassati evaṃ bahulīkatā cattāro satipaṭṭhāne paripūreti. | Ainsi développée, bhikkhous, ainsi cultivée, ānāpānassati porte les quatre satipaṭṭhānas à leur plénitude. |
♦ Beaucoup d’autres bénéfices de la pratique d’ānāpānassati sont mentionnés dans les souttas. Elle mène à un grand confort (mahato phāsuvihārāya saṃvattati, SN 46.71), au fait que ni le corps ni les yeux ne fatiguent, et à la délivrance de l’esprit de ses impuretés (‘neva me kāyo kilameyya na cakkhūni, anupādāya ca me āsavehi cittaṃ vimucceyyā’ti, SN 54.8), à l’abandon des souvenirs et des aspirations liés à la vie de foyer (‘ye me gehasitā sarasaṅkappā te pahīyeyyu’ti, SN 54.8), au succès dans les diverses pratiques liées au dégoût (‘appaṭikūle paṭikūlasaññī vihareyyan’ti… ‘appaṭikūlañca paṭikūlañca tadubhayaṃ abhinivajjetvā upekkhako vihareyyaṃ sato sampajāno’ti, SN 54.8), à la maîtrise des huit jhānas (SN 54.8). SN 54.8 |
“evaṃ bhāvite kho, bhikkhave, ānāpānassatisamādhimhi evaṃ bahulīkate, sukhaṃ ce vedanaṃ vedayati, sā ‘aniccā’ti pajānāti, ‘anajjhositā’ti pajānāti, ‘anabhinanditā’ti pajānāti; dukkhaṃ ce vedanaṃ vedayati, ‘sā aniccā’ti pajānāti, ‘anajjhositā’ti pajānāti, ‘anabhinanditā’ti pajānāti; adukkhamasukhaṃ ce vedanaṃ vedayati, ‘sā aniccā’ti pajānāti, ‘anajjhositā’ti pajānāti, ‘anabhinanditā’ti pajānāti”. | Ayant ainsi développé, bhikkhous, ayant ainsi cultivé la concentration au moyen de la présence de l’esprit sur la respiration, s’il ressent un ressenti agréable, il comprend qu’il est impermanent, il comprend qu’il n’y a pas d’attachement [à son égard], il comprend qu’il n’y a pas de complaisance [à son égard]. S’il ressent un ressenti désagréable, il comprend qu’il est impermanent, il comprend qu’il n’y a pas d’attachement [à son égard], il comprend qu’il n’y a pas de complaisance [à son égard]. S’il ressent un ressenti neutre, il comprend qu’il est impermanent, il comprend qu’il n’y a pas d’attachement [à son égard], il comprend qu’il n’y a pas de complaisance [à son égard]. |
“sukhaṃ ce vedanaṃ vedayati, visaṃyutto naṃ vedayati; dukkhaṃ ce vedanaṃ vedayati, visaṃyutto naṃ vedayati; adukkhamasukhaṃ ce vedanaṃ vedayati, visaṃyutto naṃ vedayati. | Lorsqu’il ressent un ressenti agréable, il le ressent en en étant disjoint. Lorsqu’il ressent un ressenti désagréable, il le ressent en en étant disjoint. Lorsqu’il ressent un ressenti neutre, il le ressent en en étant disjoint. |
… | … |
“seyyathāpi, bhikkhave, telañca paṭicca, vaṭṭiñca paṭicca telappadīpo jhāyeyya, tasseva telassa ca vaṭṭiyā ca pariyādānā anāhāro nibbāyeyya; evameva kho, bhikkhave, bhikkhu kāyapariyantikaṃ vedanaṃ vedayamāno ‘kāyapariyantikaṃ vedanaṃ vedayāmī’ti pajānāti, jīvitapariyantikaṃ vedanaṃ vedayamāno ‘jīvitapariyantikaṃ vedanaṃ vedayāmī’ti pajānāti, ‘kāyassa bhedā uddhaṃ jīvitapariyādānā idheva sabbavedayitāni anabhinanditāni sītībhavissantī’ti pajānātī”ti. | Tout comme, bhikkhous, une lampe à huile brûlant au moyen d’une huile et d’une mèche s’éteint [au moment de] la consommation complète de l’huile et de la mèche par manque de combustible, de la même manière, lorsqu’un bhikkhou ressent un ressenti qui se terminera avec le corps, il comprend: ‘Je ressens un ressenti qui se terminera avec le corps’; lorsqu’il ressent un ressenti qui se terminera avec la vie, il comprend: ‘Je ressens un ressenti qui se terminera avec la vie’; il comprend: ‘Lors de la dissolution du corps, au moment où la vie se terminera, tout ce qui est ressenti ici, n’étant pas un objet de complaisance, s’apaisera.’ |
La pratique d’ānāpānassati peut aussi mener à la connaissance (au niveau d’un arahant), ou sinon à anāgāmitā (diṭṭheva dhamme aññā, sati vā upādisese anāgāmitā”ti, SN 54.4), ou encore d’après SN 54.5, à la connaissance finale (paṭikacca aññaṃ) au moment de la mort (maraṇakāle), ou à devenir quelqu’un qui atteint Nibbāna dans l’intervalle [entre les vies] (antarāparinibbāyī), ou à devenir quelqu’un qui atteint Nibbāna en arrivant [dans une nouvelle existence] (upahaccaparinibbāyī), ou à devenir quelqu’un qui atteint Nibbāna sans effort (asaṅkhāraparinibbāyī), ou à devenir quelqu’un qui atteint Nibbāna avec effort (sasaṅkhāraparinibbāyī), ou encore à ‘remonter le courant’ et se rendre dans l’Akanittha (uddhaṃsoto hoti akaniṭṭhagāmī). Il est également dit que pratiquer ānāpānassati mène complètement à virāga, nirodha, upasama, abhiññā, sambodhi et nibbāna (ekantanibbidāya virāgāya nirodhāya upasamāya abhiññāya sambodhāya nibbānāya saṃvattati, AN 1.297). ♦ La concentration fondée sur la présence de l’esprit sur la respiration (ānāpānassati·samādhi) est appelée à SN 54.12 “le séjour d’un Noble” (ariya·vihāro), “le séjour de/d’un Brahmā” (brahma·vihāro), “le séjour du Tathāgata” (tathāgata·vihāro). SN 54.9 |
“seyyathāpi, bhikkhave, gimhānaṃ pacchime māse ūhataṃ rajojallaṃ, tamenaṃ mahāakālamegho ṭhānaso antaradhāpeti vūpasameti; evameva kho, bhikkhave, ānāpānassatisamādhi bhāvito bahulīkato santo ceva paṇīto ca asecanako ca sukho ca vihāro uppannuppanne ca pāpake akusale dhamme ṭhānaso antaradhāpeti vūpasameti. | Tout comme, bhikkhous, durant le dernier mois d’été, un grand nuage de pluie hors de saison dissipe et fait disparaître [un nuage de] poussière soulevée, de la même manière, cette concentration au moyen de la présence de l’esprit sur la respiration, lorsqu’elle est développée et cultivée, est paisible, sublime, superbe, c’est un séjour agréable, elle dissipe et fait disparaître les états mentaux mauvais et désavantageux lorsqu’ils apparaissent. |
Pour les apprenants (sekha), elle mène à la destruction des āsavas. Pour les arahants, elle procure un séjour plaisant, ainsi que sati·sampajañña. SN 54.12 |
“ye te, bhikkhave, bhikkhū sekhā appattamānasā anuttaraṃ yogakkhemaṃ patthayamānā viharanti, tesaṃ ānāpānassatisamādhi bhāvito bahulīkato āsavānaṃ khayāya saṃvattati. | Pour les bhikkhous en entraînement, dont l’esprit n’est pas accompli et qui aspirent au suprême soulagement du joug, la concentration basée sur la présence de l’esprit sur la respiration, lorsqu’elle est développée et cultivée, mène à la destruction des impuretés. |
“ye ca kho te, bhikkhave, bhikkhū arahanto khīṇāsavā vusitavanto katakaraṇīyā ohitabhārā anuppattasadatthā parikkhīṇabhavasaṃyojanā sammadaññā vimuttā, tesaṃ ānāpānassatisamādhi bhāvito bahulīkato diṭṭheva dhamme sukhavihārāya ceva saṃvattati satisampajaññāya ca. | Pour les bhikkhous qui sont des arahants, qui ont complètement éliminé les impuretés mentales, qui sont accomplis, qui ont fait ce qui devait l’être, qui ont déposé le fardeau, qui ont atteint l’objectif, qui ont complètement épuisé les entraves spirituelles de l’existence, et qui sont délivrés par compréhension correcte, la concentration basée sur la présence de l’esprit sur la respiration, lorsqu’elle est développée et cultivée, mène à un séjour plaisant dans le monde visible, ainsi qu’à la présence d’esprit et la compréhension attentive. |
Pratiquer ānāpānassati·samādhi mène à abandonner les entraves (saṃyojanappahānāya saṃvattati, SN 54.17), à déraciner les tendances latentes (anusayasamugghātāya, 54.18), à la compréhension complète du chemin (addhānapariññāya, 54.19), et à la destruction des impuretés (āsavānaṃ khayāya, 54.20). AN 5.96 |
“pañcahi, bhikkhave, dhammehi samannāgato bhikkhu ānāpānassatiṃ āsevanto nacirasseva akuppaṃ paṭivijjhati. katamehi pañcahi? idha, bhikkhave, bhikkhu appaṭṭho hoti appakicco subharo susantoso jīvitaparikkhāresu; appāhāro hoti anodarikattaṃ anuyutto; appamiddho hoti jāgariyaṃ anuyutto; bahussuto hoti sutadharo sutasannicayo, ye te dhammā ādikalyāṇā majjhekalyāṇā pariyosānakalyāṇā sātthaṃ sabyañjanaṃ kevalaparipuṇṇaṃ parisuddhaṃ brahmacariyaṃ abhivadanti, tathārūpāssa dhammā bahussutā honti dhātā vacasā paricitā manasānupekkhitā diṭṭhiyā suppaṭividdhā; yathāvimuttaṃ cittaṃ paccavekkhati. | Doué de cinq choses, bhikkhous, un bhikkhou pratiquant la présence de l’esprit sur la respiration atteint en peu de temps l’Inébranlable. Quelles sont ces cinq? En cela, bhikkhous, un bhikkhou a peu de projets, peu d’obligations, il est facile à sustenter, facile à contenter avec les accessoires de la vie; il mange peu, il se voue à la frugalité; il a peu d’indolence, il se voue à la veille; il est très instruit, il garde à l’esprit ce qu’il a entendu, il accumule ce qu’il a entendu, et en ce qui concerne les enseignements qui sont bénéfiques au début, bénéfiques au milieu et bénéfiques à la fin, avec la signification et le phrasé corrects, révélant la vie brahmique qui est entièrement complète et pure, il a appris beaucoup de ces enseignements, il les a retenus à l’esprit, récités oralement, examinés mentalement et bien intégrés dans ses vues; il passe en revue la manière dont l’esprit a été libéré. |
AN 5.97 |
(idem) | (idem) |
appamiddho hoti jāgariyaṃ anuyutto; yāyaṃ kathā ābhisallekhikā cetovivaraṇasappāyā, seyyathidaṃ — appicchakathā santuṭṭhikathā pavivekakathā asaṃsaggakathā vīriyārambhakathā sīlakathā samādhikathā paññākathā vimuttikathā vimuttiñāṇadassanakathā, evarūpiyā kathāya nikāmalābhī hoti akicchalābhī akasiralābhī; yathāvimuttaṃ cittaṃ paccavekkhati. | il obtient à volonté, aisément et sans difficulté les conversations qui sont austères et qui sont propres à clarifier l’esprit, c’est-à-dire les allocutions à propos du peu de désirs, à propos du contentement [avec peu], à propos de l’isolement, à propos de la non-association [avec les autres], à propos de l’activation de l’énergie, à propos de la vertu, à propos de la concentration, à propos du discernement, à propos de la libération, à propos de la connaissance & vision de la libération; il passe en revue la manière dont l’esprit a été libéré. |
AN 5.98 |
(idem) | (idem) |
āraññako hoti pantasenāsano; yathāvimuttaṃ cittaṃ paccavekkhati. | il vit dans la forêt, dans des abris isolés; il passe en revue la manière dont l’esprit a été libéré. |