D’après The Life of Nyanatiloka Thera – The Biography of a Western Buddhist Pioneer, p.11.
L’édition du journal Hamburger Anzeiger du 6 Juillet 1928 rapporte le cas d’un Allemand du nom de Ludowic Stoehr qui, à l’âge de 31 ans, aurait quitté la Silésie, sa région natale, pour s’installer dans la campagne, dans les environs de Hamburg. Il s’y était construit une hutte des plus primitives, avec une petite cheminée, une table, une chaise, et un lit. Il y gardait précieusement cinq volumes de souttas, c’est-à-dire de discours du Bouddha, traduits par Karl Eugen Neumann, qui étaient la source de sa nourriture spirituelle. Il travaillait pendant la saison des récoltes pour des fermiers des environs. Comme il était de nature taciturne et qu’il dégageait une certaine aura de mystère, il était généralement traité au premier abord avec méfiance. Mais il travaillait dur. Pas pour de l’argent, nous dit-on, mais pour de la nourriture ou du lait. Ce n’était que la faim et la soif qui le ramenait régulièrement vers ses congénères: il passait le plus clair de son temps en solitude. Cependant, lorsqu’un inconnu s’invitait chez lui, il se voyait accueilli par une personne joyeuse et affable.
On disait de lui qu’il était le fils d’un fermier et qu’au retour de son service militaire, il aurait retrouvé sa mère veuve et remariée à un individu qui comptait bien l’empêcher de prendre possession de son héritage. Comme il était déjà devenu un disciple du Bouddha à ce moment-là, il avait décidé de quitter son foyer et de s’en aller dans le silence de la solitude.
Un beau jour, après avoir vécu ainsi isolé pendant des années, on le retrouva mort devant sa hutte, jambes croisées, en position de méditation. Il avait passé une grande partie de sa vie en solitude, faisant les cent pas dans sa hutte pendant les longues et glaciales nuits d’hiver, sans se soucier de se joindre à aucun cercle ni rassemblement bouddhiste. Il vivait seul, aussi loin que possible de la société, en véritable disciple du Bouddha.