La noble voie à huit composantes: ce que les souttas nous en disent

Note: vous trouverez cet article dans son environnement originel ici.

ariya aṭṭhaṅgika magga: [ariya aṭṭha+aṅga+ika magga]

noble voie à huit composantes.

L’expression, ainsi que chacune de ses composantes (aṅgā), sont expliquées en détail à SN 45.8:

1. sammā·diṭṭhi

2. sammā·saṅkappa

3. sammā·vācā

4. sammā·kammanta

5. sammā·ājīva

6. sammā·vāyāma

7. sammā·sati

8. sammā·samādhi

♦ L’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga est introduit dans le célèbre Dhammacakkappavattana Sutta comme constituant la Voie du Milieu (majjhimā paṭipadā), c’est à dire la voie évitant à la fois l’hédonisme et la mortification de soi:

SN 56.11

 

Dve·me, bhikkhave, antā pabbajitena na sevitabbā. Katame dve? Yo c·āyaṃ kāmesu kāma·sukh·allik·ānuyogo hīno gammo pothujjaniko an·ariyo an·attha·saṃhito, yo c·āyaṃ attakilamath·ānuyogo dukkho an·ariyo an·attha·saṃhito. Ete kho, bhikkhave, ubho ante an·upagamma majjhimā paṭipadā tathāgatena abhisambuddhā cakkhu·karaṇī ñāṇa·karaṇī upasamāya abhiññāya sambodhāya nibbānāya saṃvattati. Bhikkhous, ces deux extrêmes ne devraient pas être poursuivis par ceux qui ont quitté le foyer. Quels sont ces deux? La poursuite du bien-être sensuel dans la sensualité, qui est inférieure, vulgaire, qui est caractéristique des gens ordinaires, ig·noble et non-bénéfique, et la poursuite de la mortification de soi, qui est douloureuse, ig·noble et non-bénéfique. Évitant ces deux extrêmes, bhikkhous, la voie médiane à laquelle le Tathāgata s’est pleinement éveillé, qui apporte la vision et la connaissance, mène à la paix, à la connaissance directe, à l’éveil complet, à l’Extinction.

 

♦ L’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga est également introduit un peu plus loin dans le même soutta comme constituant la quatrième ariya·sacca:

 

 

Idaṃ kho pana, bhikkhave, dukkha·nirodha·gāminī paṭipadā ariya·saccaṃ: ayam·eva ariyo aṭṭhaṅgiko maggo, seyyathidaṃ: sammā·diṭṭhi sammā·saṅkappo sammā·vācā sammā·kammanto sammā·ājīvo sammā·vāyāmo sammā·sati sammā·samādhi. De plus, bhikkhous, voici la noble vérité de la voie menant à la cessation du mal-être: c’est cette noble voie à huit composantes, c’est à dire la vue correcte, l’aspiration correcte, la parole correcte, l’action correcte, le moyen de subsistance correct, l’effort correct, la présence d’esprit correcte, la concentration correcte.

 

♦ Comme il est expliqué ci-dessus à SN 56.11, l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga est ce qui mène à nibbāna. À SN 45.62, il y mène tout comme le fleuve Gange s’incline, s’infléchit et s’écoule vers l’est (seyyathāpi gaṅgā nadī pācīna·ninnā pācīna·poṇā pācīna·pabbhārā). À SN 45.86, la voie est comme un arbre s’inclinant, s’infléchissant et se penchant vers l’est (seyyathāpi rukkho pācīna·ninno pācīna·poṇo pācīna·pabbhāro) et qui ne pourrait tomber que dans cette direction si on le coupait à la racine. C’est également la voie menant à amata (amata·gāmi·maggo, SN 45.7), ou l’inconditionné (a·saṅkhata·gāmi·maggo, SN 43.11).

♦ Un saṃyutta tout entier (SN 45), riche en allégories et explications, est dédié à l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga.

♦ Différentes désignations sont données à l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga. À MN 19, il est appelé ‘La voie paisible et sûre qui est à suivre gaiement/avec exaltation’ (khemo maggo sovatthiko pīti·gamanīyo). Il est souvent assimilé à la brahmacariya (e.g. SN 45.6), à l’ascétisme (sāmañña) comme à SN 45.35, ou au statut de brahmane (brahmañña) comme à SN 45.36. À SN 12.65, c’est une voie ancienne, l’ancien chemin arpenté par les sammā·Sambuddhas du passé. À SN 35.191, l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga est comparé à un radeau utilisé pour traverser de l’identité (au soi) jusqu’à ‘l’autre rive’, qui représente nibbāna. À SN 45.4, après qu’Ananda ait vu un brahmane sur un char luxueux et l’ait appelé un ‘véhicule brahmique’ (brahma·yāna), le Bouddha lui dit que c’est en fait une expression plus appropriée à l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga, aux côtés du ‘véhicule du Dhamma’ (dhamma·yāna), et la ‘suprême victoire dans la bataille’ (anuttara saṅgāma·vijaya). L’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga est aussi appelé correctitude (sammatta, SN 45.21), kusalā dhammā (SN 45.22), la voie correcte (sammā·paṭipada, SN 45.23), et la pratique correcte (sammā·paṭipatti, SN 45.31).

♦ L’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga fait partie d’un ensemble de 37 dhammas qui sont parfois mentionnés tous ensemble (e.g. à AN 10.90, SN 22.81). Ils sont parfois appelés bodhipakkhiyā dhammā, bien que cette expression n’ait pas de définition stricte dans les souttas et soit également utilisée pour décrire d’autres ensembles. Il est dit à SN 45.155 que l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga développe ces bodhi·pakkhiya·dhammā.

♦ Il est dit que chaque composante (aṅga) de la voie mène à la suivante:

AN 10.103

 

“sammattaṃ, bhikkhave, āgamma ārādhanā hoti, no virādhanā. kathañca, bhikkhave, sammattaṃ āgamma ārādhanā hoti, no virādhanā? sammādiṭṭhikassa, bhikkhave, sammāsaṅkappo pahoti, sammāsaṅkappassa sammāvācā pahoti, sammāvācassa sammākammanto pahoti, sammākammantassa sammāājīvo pahoti, sammāājīvassa sammāvāyāmo pahoti, sammāvāyāmassa sammāsati pahoti, sammāsatissa sammāsamādhi pahoti. En venant à la correctitude, bhikkhous, il y a succès et non pas échec. Et comment est-ce, bhikkhous, qu’en venant à la correctitude, il y a succès et non pas échec? Chez celui qui a la vue correcte, l’aspiration correcte apparaît. Chez celui qui a l’aspiration correcte, la parole correcte apparaît. Chez celui qui a la parole correcte, l’action correcte apparaît. Chez celui qui a l’action correcte, le moyen de subsistence correct apparaît. Chez celui qui a le moyen de subsistence correct, l’effort correct apparaît. Chez celui qui a l’effort correct, la présence d’esprit correcte apparaît. Chez celui qui a la présence d’esprit correcte, la concentration correcte apparaît.

 

On trouve notamment une progression de ce type à SN 45.1. AN 7.45 déclare quant à lui que les sept autres composantes de la voie sont les ‘supports’ (upanisa) et les ‘équipements’ (parikkhāra) de sammā·samādhi. MN 117 explique plus en détail comment ces facteurs interagissent, selon le schéma suivant:

MN 117

 

“tatra, bhikkhave, sammādiṭṭhi pubbaṅgamā hoti. kathañca, bhikkhave, sammādiṭṭhi pubbaṅgamā hoti? micchāsaṅkappaṃ ‘micchāsaṅkappo’ti pajānāti, sammāsaṅkappaṃ ‘sammāsaṅkappo’ti pajānāti, sāssa hoti sammādiṭṭhi. En ceci, bhikkhous, la vue correcte est le précurseur. Et comment, bhikkhous, la vue correcte est-elle le précurseur? Il discerne une aspiration erronée comme étant une aspiration erronée, et il discerne une aspiration correcte comme étant une aspiration correcte: c’est sa vue correcte.
so micchāsaṅkappassa pahānāya vāyamati, sammāsaṅkappassa upasampadāya, svāssa hoti sammāvāyāmo. so sato micchāsaṅkappaṃ pajahati, sato sammāsaṅkappaṃ upasampajja viharati; sāssa hoti sammāsati. itiyime tayo dhammā sammāsaṅkappaṃ anuparidhāvanti anuparivattanti, seyyathidaṃ sammādiṭṭhi, sammāvāyāmo, sammāsati. Il s’efforce d’abandonner l’aspiration erronée et d’acquérir l’aspiration correcte: c’est son effort correct. Il abandonne l’aspiration erronée en étant présent d’esprit et il acquiert l’aspiration correcte en étant présent d’esprit: c’est sa présence d’esprit correcte. Ainsi, ces trois qualités tournent et gravitent autour de l’aspiration correcte, c’est à dire la vue correcte, l’effort correct et la présence d’esprit correcte.

 

 

♦ L’énumération des composantes de la voie est parfois ponctuée par quatre formules différentes. On trouve un exemple de la première à SN 45.2. Elle est en fait souvent utilisée pour illustrer les bojjhaṅgas, et occasionnellement avec les indriyas (spirituelles) ou les balas: ‘basée sur l’isolement, sur le détachement, sur la cessation, se parachevant dans le lâcher-prise’ (viveka·nissita virāga·nissita nirodha·nissita vossagga·pariṇāmi).

La deuxième formule se trouve par exemple à SN 45.4: ‘qui a pour objectif final l’élimination de l’avidité, qui a pour objectif final l’élimination de l’aversion, qui a pour objectif final l’élimination de l’illusionnement’ (rāga·vinaya·pariyosāna dosa·vinaya·pariyosāna moha·vinaya·pariyosāna).

La troisième se trouve par exemple à SN 45.115: ‘qui a le Sans-mort pour fondation, qui a le Sans-mort pour destination, qui a le Sans-mort pour objectif final’ (amat·ogadha amata·parāyana amata·pariyosāna).

La quatrième se trouve par exemple à SN 45.91: ‘qui s’incline vers Nibbāna, qui descend vers Nibbāna, qui coule vers Nibbāna‘ (nibbāna·ninna nibbāna·poṇa nibbāna·pabbhāra).

♦ L’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga, s’il n’est pas présent, n’apparaît pas sans un Bouddha (n·āññatra tathāgatassa pātubhāvā arahato sammāsambuddhassa, SN 45.14) ou la Discipline d’un Sublime (n·āññatra sugata·vinaya, SN 45.15).

♦ À SN 55.5, l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga est ce qui définit sotāpatti, puisque sota (le courant) n’est autre que l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga, et un sotāpanna est celui qui le possède:

SN 55.5

 

— “‘soto, soto’ti hidaṃ, sāriputta, vuccati. katamo nu kho, sāriputta, soto”ti? — Sāripoutta, on entend dire: ‘Le courant, le courant’. Qu’est-ce donc, Sāripoutta, que le courant?
— “ayameva hi, bhante, ariyo aṭṭhaṅgiko maggo soto — Le courant n’est autre que cette noble voie à huit composantes, Bhanté
— “‘sotāpanno, sotāpanno’ti hidaṃ, sāriputta, vuccati. katamo nu kho, sāriputta, sotāpanno”ti? — Sāripoutta, on entend dire: ‘Quelqu’un qui est entré dans le courant, quelqu’un qui est entré dans le courant’. Qui donc, Sāripoutta, est celui qui est entré dans le courant?
— “yo hi, bhante, iminā ariyena aṭṭhaṅgikena maggena samannāgato ayaṃ vuccati sotāpanno — Quiconque, Bhanté, est doué de cette noble voie à huit composantes, est appelé quelqu’un qui est entré dans le courant

 

 

♦ À MN 126, les 8 composantes de l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga sont présentées comme une technologie de l’esprit (‘une technique appropriée pour obtenir un résultat’: yoni hesā phalassa adhigamāya) dont les résultats ne dépendent pas du fait qu’on formule des souhaits ou des prières, mais qui au contraire se base uniquement sur les lois de la nature, ce qui est illustré métaphoriquement par la manière dont on obtient de l’huile de sésame en utilisant une technique appropriée (presser les graines arrosées d’eau), par la manière dont on obtient du lait (par traite d’une vache ayant récemment mis bas), du beurre (en barattant de la crème), ou du feu (en frottant un bout de bois sec, sans sève avec un bâton à feu approprié).

♦ À AN 4.237, les huit composantes de l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga constituent ‘kamma qui n’est ni sombre ni lumineux, avec des résultats ni sombres ni lumineux, qui mène à la destruction du kamma(kammaṃ a·kaṇhā·sukkaṃ a·kaṇhā·sukka·vipākaṃ, kamma·kkhayāya saṃvattati).

♦ L’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga est régulièrement augmenté pour former un ensemble à dix composantes, avec l’addition de sammā·ñāṇa et sammā·vimutti. SN 45.26 semble indiquer que ces deux composantes ne sont applicables qu’aux arahants, puisqu’elles constituent ce qui fait la différence entre un sappurisa et quelqu’un qui est meilleur qu’un sappurisa (sappurisena sappurisataro).

♦ Dix phénomènes sont présentés comme précurseurs de l’apparition de l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga, les sept premiers selon l’allégorie suivante:

 

sūriyassa, bhikkhave, udayato etaṃ pubbaṅgamaṃ etaṃ pubbanimittaṃ, yadidaṃ, aruṇuggaṃ; evameva kho, bhikkhave, bhikkhuno ariyassa aṭṭhaṅgikassa maggassa uppādāya etaṃ pubbaṅgamaṃ etaṃ pubbanimmittaṃ… Voici, bhikkhous, quel est le précurseur et le signe avant-coureur du lever du soleil, c’est-à-dire l’aurore. De la même manière, pour un bhikkhou, voici quel est le précurseur et le signe avant-coureur de l’apparition de la noble voie à huit composantes…

 

Dans chaque cas, il est dit que lorsqu’un bhikkhou satisfait la condition, ‘on peut s’attendre à ce qu’il cultive la noble voie à huit composantes, à ce qu’il pratique fréquemment la noble voie à huit composantes (pāṭikaṅkhaṃ ariyaṃ aṭṭhaṅgikaṃ maggaṃ bhāvessati, ariyaṃ aṭṭhaṅgikaṃ maggaṃ bahulīkarissati):

1. Kalyāṇa·mittatā est le précurseur de l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga le plus souvent mentionné (en conjonction avec l’allégorie ci-dessus à SN 45.49). Il est même déclaré à SN 45.2 qu’elle représente en fait la brahmacariya toute entière (sakalam·ev·idaṃ brahmacariyaṃ), puisqu’on peut s’attendre à ce que celui qui développe la première pratiquera l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga, d’autant plus que, comme nous l’avons vu précédemment (e.g. à SN 45.6), la brahmacariya est également définie comme étant l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga lui-même.

On trouve également une formule qui rappelle les souttas qui se trouvent dans AN 1:

SN 45.77

 

nāhaṃ, bhikkhave, aññaṃ ekadhammampi samanupassāmi, yena anuppanno vā ariyo aṭṭhaṅgiko maggo uppajjati, uppanno vā ariyo aṭṭhaṅgiko maggo bhāvanāpāripūriṃ gacchati, yathayidaṃ, bhikkhave, kalyāṇamittatā. Je ne vois aucune autre chose, bhikkhous, à cause de laquelle la noble voie à huit composantes qui n’était pas apparue vient à apparaître, ou la noble voie à huit composantes qui était apparue augmente et va à sa plénitude, autant qu’à cause d’une amitié bénéfique.

 

2. Sīla est également mentionnée plusieurs fois comme précurseur de l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga indépendamment de l’allégorie du lever de soleil (dans le contexte duquel elle est introduite à SN 45.50 comme l’accomplissement en vertu (sīla·sampadā)). Parmi ces exemples, on trouve les suivants:

SN 45.149

 

seyyathāpi, bhikkhave, ye keci balakaraṇīyā kammantā karīyanti, sabbe te pathaviṃ nissāya pathaviyaṃ patiṭṭhāya evamete balakaraṇīyā kammantā karīyanti; evameva kho, bhikkhave, bhikkhu sīlaṃ nissāya sīle patiṭṭhāya ariyaṃ aṭṭhaṅgikaṃ maggaṃ bhāveti ariyaṃ aṭṭhaṅgikaṃ maggaṃ bahulīkaroti. Tout comme, bhikkhous, toutes les actions devant être réalisées par la force sont réalisées sur la base de la terre, supportées par la terre, de la même manière, c’est sur la base de la vertu, supporté par la vertu qu’un bhikkhou cultive la noble voie à huit composantes, qu’il pratique fréquemment la noble voie à huit composantes.

 

SN 45.150

 

seyyathāpi, bhikkhave, ye kecime bījagāmabhūtagāmā vuḍḍhiṃ virūḷhiṃ vepullaṃ āpajjanti, sabbe te pathaviṃ nissāya pathaviyaṃ patiṭṭhāya evamete bījagāmabhūtagāmā vuḍḍhiṃ virūḷhiṃ vepullaṃ āpajjanti; evameva kho, bhikkhave, bhikkhu sīlaṃ nissāya sīle patiṭṭhāya ariyaṃ aṭṭhaṅgikaṃ maggaṃ bhāvento ariyaṃ aṭṭhaṅgikaṃ maggaṃ bahulīkaronto vuḍḍhiṃ virūḷhiṃ vepullaṃ pāpuṇāti dhammesu. Tout comme, bhikkhous, toutes les graines et les plantes atteignent leur prospérité, leur développement et leur plénitude sur la base de la terre, supportées par la terre, de la même manière, c’est sur la base de la vertu, supporté par la vertu qu’un bhikkhou cultivant la noble voie à huit composantes, pratiquant fréquemment la noble voie à huit composantes, atteint sa prospérité, son développement et sa plénitude dans les états mentaux [avantageux].

 

3. Appamāda est également mentionnée plusieurs fois comme précurseur de l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga indépendamment de l’allégorie du lever de soleil (dans le contexte de laquelle elle est introduite à SN 45.54 comme l’accomplissement en assiduité (appamāda·sampadā)). On trouve de tels exemples à SN 45.139 et SN 45.140.

4. Sammā·diṭṭhi (AN 10.121) ou l’accomplissement dans le domaines des vues (diṭṭhi·sampadā, SN 45.53), sont mentionnés avec l’allégorie du lever de soleil comme constituant des précurseurs de la voie, ce qui n’est pas surprenant, puisque comme nous l’avons vu plus haut, chaque composante de la voie mène à la suivante, et sammā·diṭṭhi est toujours mentionnée en premier.

5. L’accomplissement en désir (chanda·sampadā) est mentionné comme précurseur de l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga dans le contexte de l’allégorie du lever de soleil à SN 45.51. Le commentaire explique le terme comme s’agissant d’un désir pour les kusalā dhammā. Le mot chanda apparaît avec une connotation semblable dans la formule standard décrivant sammā·vāyāma.

6. L’accomplissement par rapport au Soi (atta·sampadā) est mentionné comme précurseur de l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga dans le contexte de l’allégorie du lever de soleil à SN 45.52. Le commentaire explique l’expression comme étant synonyme de sampanna·citta·tā (accomplissement en esprit), lequel suggère l’atteinte de samādhi (voir adhi·citta·sikkhā). L’expression ‘atta·ññū hoti’ (se connaît lui-même) pourrait aussi expliquer le terme. À SN 7.68, il expliqué comme le fait de savoir que l’on a saddhā, sīla, connaissance/érudition (suta), cāga, paññā et compréhension (paṭibhāna).

7. L’accomplissement en considération à bon escient (yoniso·manasikāra-sampadā) est mentionné comme précurseur de l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga dans le contexte de l’allégorie du lever de soleil à SN 45.52.

8, 9 & 10. Vijjā suivi de hiri et ottappa (anva·d·eva hir·ottappa) sont déclarés être les précurseurs (pubb·aṅgama) de l’entrée dans les kusalā dhammā (kusalānaṃ dhammānaṃ samāpatti) à SN 45.1 et AN 10.105.

♦ Il est dit à AN 4.34 que l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga est le plus élevé (agga) des saṅkhatā dhammā et qu’il apporte les plus élevés des vipākā.

♦ Comme nous l’avons vu plus haut, à SN 56.11, l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga produit ñāṇa·dassana et mène à upasama, sambodhi et Nibbāna. Entre SN 45.161 et SN 45.180, il est aussi déclaré qu’il mène à abhiññā, à la compréhension complète (pariññā), à la destruction complète (parikkhaya), et l’abandon (pahāna) de divers phénomènes: les trois discriminations (vidhā), i.e. ‘Je suis supérieur’ (‘seyyo·ham·asmī’ti), ‘Je suis égal’ (‘sadiso·ham·asmī’ti), ‘Je suis inférieur’ (hīno·ham·asmī’ti); les trois quêtes (esanā), i.e. la quête de sensualité (kām·esanā), la quête d'[une bonne] existence (bhav·esanā), la quête d’une vie brahmique (brahmacariy·esanā); les trois āsavās; les trois bhavās; les trois souffrances (dukkhatā), i.e. la souffrance causée par la douleur (dukkha·dukkhatā), la souffrance causée par les Constructions (saṅkhāra·dukkhatā), la souffrance causée par le changement (vipariṇāma·dukkhatā); les trois akusalamulās; les trois types de vedanā; kāma, diṭṭhi et avijjā; les quatre upādānās; abhijjhā, byāpāda, sīla·bbata parāmāsa et l’adhérence à [la vue] ‘Ceci [seulement] est la vérité’ (idaṃ·sacc·ābhinivesa); les sept anusayās; les cinq kāma·guṇās; les cinq nīvaraṇās; les cinq upādāna·kkhandhas; et les dix saṃyojanās.

♦ L’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga mène également à la cessation (nirodha) des phénomènes: MN 9 mentionne les douze liens de paṭicca·samuppāda, les quatre āhārās et les trois āsavās; AN 6.63 mentionne de plus la cessation de kāma et kamma; SN 22.56 mentionne la cessation de chacun des cinq upādāna·kkhandhas.

♦ L’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga est l’outil qui élimine les akusalā dhammā. MN 3 mentionne explicitement les 16 upakkilesās (avec dosa à la place de byāpāda). On trouve dans le Magga Saṃyutta un certain nombre d’allégories illustrant ce point: à SN 45.153, les akusalā dhammā sont abandonnés par l’esprit comme un bol retourné ‘abandonne’ son eau; à SN 45.156, ils sont désintégrés comme un nuage de pluie désintègre une tempête de poussière; à SN 45.157, ils sont dispersés comme un vent puissant disperse un grand nuage de pluie; à SN 45.158, ils sont comme des cordes sur un navire qui pourrissent sous l’effet de climats incléments.

♦ L’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga donne de la force à l’esprit, comme l’allégorie de SN 45.27 l’explique: la voie y est comparée au pied (double cône dont l’un est inversé) d’un bol (rond), qui fait en sorte que ce dernier ne soit que difficilement renversé. À SN 45.160, les gens, qu’ils soient puissants ou non, qui souhaitent convaincre un bhikkhou cultivant l’ariya aṭṭh·aṅg·ika magga d’abandonner la vie monacale en lui offrant des richesses n’auront pas plus de succès que ceux qui souhaiteraient changer la direction du Gange, parce que son esprit s’incline à l’isolement.

SN 45.159

 

“seyyathāpi, bhikkhave, āgantukāgāraṃ. tattha puratthimāyapi disāya āgantvā vāsaṃ kappenti, pacchimāyapi disāya āgantvā vāsaṃ kappenti, uttarāyapi disāya āgantvā vāsaṃ kappenti, dakkhiṇāyapi disāya āgantvā vāsaṃ kappenti, khattiyāpi āgantvā vāsaṃ kappenti, brāhmaṇāpi āgantvā vāsaṃ kappenti, vessāpi āgantvā vāsaṃ kappenti, suddāpi āgantvā vāsaṃ kappenti; evameva kho, bhikkhave, bhikkhu ariyaṃ aṭṭhaṅgikaṃ maggaṃ bhāvento ariyaṃ aṭṭhaṅgikaṃ maggaṃ bahulīkaronto ye dhammā abhiññā pariññeyyā, te dhamme abhiññā parijānāti, ye dhammā abhiññā pahātabbā, te dhamme abhiññā pajahati, ye dhammā abhiññā sacchikātabbā, te dhamme abhiññā sacchikaroti, ye dhammā abhiññā bhāvetabbā, te dhamme abhiññā bhāveti. C’est tout comme, bhikkhous, [dans] une maison de passage. Des [visiteurs venant] de l’ouest viennent y séjourner, des [visiteurs venant] de l’est viennent y séjourner, des [visiteurs venant] du nord viennent y séjourner, des [visiteurs venant] du sud viennent y séjourner. Des aristocrates viennent y séjourner, des brahmanes viennent y séjourner, des vessas viennent y séjourner, des sūdra viennent y séjourner. De la même manière, bhikkhous, lorsqu’un bhikkhou cultive la noble voie à huit composantes, qu’il pratique fréquemment la noble voie à huit composantes, il comprend complètement par compréhension directe les états mentaux devant être compris complètement par compréhension directe, il abandonne par compréhension directe les états mentaux devant être abandonnés par compréhension directe, il atteint par compréhension directe les états mentaux devant être atteints par compréhension directe, il cultive par compréhension directe les états mentaux devant être cultivés par compréhension directe.
“katame ca, bhikkhave, dhammā abhiññā pariññeyyā? pañcupādānakkhandhātissa vacanīyaṃ… Et quels sont, bhikkhous, les états mentaux devant être compris complètement par compréhension directe? Les cinq accumulations d’attachement, devrait-on dire…
katame ca, bhikkhave, dhammā abhiññā pahātabbā? avijjā ca bhavataṇhā ca… Et quels sont, bhikkhous, les états mentaux devant être abandonnés par compréhension directe? L’ignorance et l’appétence pour l’existence…
katame ca, bhikkhave, dhammā abhiññā sacchikātabbā? vijjā ca vimutti ca… Et quels sont, bhikkhous, les états mentaux devant être atteints par compréhension directe? La connaissance correcte et la libération…
katame ca, bhikkhave, dhammā abhiññā bhāvetabbā? samatho ca vipassanā ca. Et quels sont, bhikkhous, les états mentaux devant être cultivés par compréhension directe? La tranquillité et la vision discernante.

 

 

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