Il était temps que j’envoie des nouvelles. Je vais commencer avec cette photo, prise par Kevin, qui m’a déposé à l’aéroport de Singapour le 5 août.
Et puis celle-ci, prise par Jimmy, que j’ai rencontré en attendant l’embarquement.
Quand je suis arrivé en Malaisie, on m’a laissé rentrer dans le pays, mais puisque j’étais habillé en moine, on m’a dit que je n’étais pas un touriste et que par conséquent on ne me donnerait pas les 90 jours habituels (j’ai vérifié, ils me les avaient donnés automatiquement 12 fois depuis 2015, et encore pas loin d’une dizaine d’autres sur mon passeport précédent). Puisque j’avais en ma possession une réservation de vol pour le 26 septembre, on m’a accordé le séjour seulement jusqu’au 27 (à peu près 50 jours au lieu de 90). Ça a causé un petit problème parce que j’étais censé finir le vassa, la retraite de 3 mois pendant la saison des pluies, qui finira le 9 octobre. Il me manquerait donc deux semaines.
Du coup je suis revenu à Nandaka et j’ai continué mon séjour. Mon ami vivant à Bangkok est revenu et a amené un de ses amis.
Mais pendant ce temps, mes problèmes de santé étaient encore loin d’être résolus, et j’ai eu quelques moments difficiles. J’avais une gastrite, et probablement un ulcère en formation, avec un estomac qui ne s’arrêtait plus de produire de l’acidité en permanence, et je n’étais autorisé à prendre des repas que pendant 6h sur 24. Je commençais généralement à avoir faim vers 16h,alors que je ne pouvais pas prendre de repas jusqu’après 7h le lendemain matin. J’étais autorisé à prendre du miel, de l’huile, un jus de pomme, de citron ou d’avocat selon ce qu’on mettait à ma disposition. J’ai eu parfois des difficultés à dormir parce que min estomac était trop douloureux. Obtenir de l’aide n’a pas toujours été facile non plus (j’imagine que les différences de culture et de style de communication y sont pour quelque chose) et j’ai été poussé au-delà de mes limites une fois ou deux. Mais depuis j’ai pu voir un spécialiste et après une longue attente, j’ai les médicaments adéquats pour traiter les ulcères et je devrais être sur la voie (lente) de la guérison.
Pendant ce temps, un plan a été mis en place pour que je fasse un autre visa run, cette fois à Hat Yai dans le sud de la Thaïlande. J’étais censé y rester 3 jours et ensuite rerentrer dans le pays une fois de plus et obtenir un nouveau visa. Ne me demandez pas les détails, si vous voyez ce que je veux dire, mais je peux dire que ça aurait coûté assez cher. Sur le long terme, mon plan était, comme je l’avais mentionné la dernière fois, de continuer dans un monastère qui partage le même fondateur et la même maison mère (Pa Auk), et celui de Thaïlande semblait être un candidat attractif.
Mais on m’a clairement fait comprendre ces derniers jours qu’il n’en était pas question. Je n’avais pas compris qu’on ne me ferait absolument pas confiance, même pour aller dans un autre établissement de la même organisation. En d’autres termes, on ne fait confiance à personne, puisque apparemment c’est la politique générale dans ce monastère où je suis.
Étant donné tout cela, y compris mon besoin d’améliorer mon état de santé, et puisque je serai forcé de défroquer tôt ou tard (car je ne pourrai pas rester dans ce pays éternellement), j’ai décidé de prendre les devants et de défroquer avant que mon visa actuel n’arrive à son terme, c’est à dire avant le 27 de ce mois.
Mon nouveau plan est d’aller en Thaïlande, prendre du repos, guérir, voir des amis et ensuite commencer à chercher un endroit où me faire réordonner. Pa Auk Thailande est en haut de la liste, mais je vais également explorer d’autres possibilités. J’ai juste besoin d’un endroit où je pourrai essentiellement pratiquer la méditation toute la journée (il y a beaucoup d’endroits où on vous occupe avec tout un tas de corvées souvent peu utiles, du coup je vais éviter ces endroits là) et où je pourrais continuer mes traductions des paroles du Bouddha en Français.
Je ne peux toujours pas trop parler de mes expériences en méditation et de comment elles transforment ma vision de la vie (à cause des règles monastiques), mais je pourrai me faire après avoir défroqué.
D’ici là, j’espère que tout se passera bien pour vous
Paix et Amour
Remy