Nouvelles n°1: Nandaka, 31 Mai 2022

Salut tout le monde, j’espère que vous allez bien.

Ce message est à la fois un email pour mes amis qui souhaitent suivre ce qui m’arrive ainsi qu’un article de blog documentant mon voyage vers le Bouddhisme Theravada.

Je suis parti depuis presque un mois maintenant, que s’est-il donc passé depuis ?

J’ai pris mon vol à Marseille pour Kuala Lumpur le 4 Mai, avec 9h d’escale à Istanbul. En tenant compte d’une mauvaise surprise avec l’immigration malaisienne à mon arrivée, le voyage a aura duré environ 35h porte à porte entre Avignon et ma chambre d’hôtel à KL.

J’ai ensuite contracté une infection au H. Pylori qui m’a tenu éveillé presque toute une nuit, et j’ai pu faire l’expérience des dysfonctionnements des soins pour-le-profit afin de régler le problème, mais j’en suis maintenant guéri. J’ai donc atteint ma destination finale, Nandaka Vihara (Bukit Mertajam en Malaisie), le 9 Mai. À partir de là, tout a commencé à aller bien mieux.

J’ai ainsi pu faire l’expérience diamétralement opposée au soin pour-le-profit sous la forme d’un « centre de bien-être ». Les gens y sont très sympathiques et très amicaux. L’homme qui fait tourner le centre pratique l’iridologie. Il s’agit de prendre une photo rapprochée de l’œil et d’y examiner les formes et les couleurs en utilisant une grille fournie par la médecine chinoise, et c’est incroyablement précis. Le gars m’a dit que j’avais le haut des poumons un peu encrassés (j’ai en effet fumé au cours des deux dernières années) et il dit être capable de détecter par ce moyen si quelqu’un a un cancer. Et puis il y a aussi ces machines incroyables.

La première est une petite boîte noire venant d’Allemagne qui, pour ce que j’en ai compris, permet de s’electrocuter entre une aiguille que l’on place généralement sur la main et l’oreille, dans laquelle on insère une espèce de récepteur. On utilise ensuite les schémas fournis par la médecine chinoise pour trouver les points d’acupuncture sur la main qui sont liés aux organes que l’on souhaite renforcer. On peut ressentir où se trouve exactement le point d’acupuncture parce que la douleur modérée que l’on ressent sera plus forte lorsque l’aiguille passe dessus. Au bout d’un moment, la douleur diminue, et on peut choisir d’augmenter le voltage si on le souhaite. Croyez-le ou non, on se sent vraiment mieux ensuite. Apparemment, ça permet d’éliminer les blocages dans les méridiens. À un moment, l’hôte me demande s’il y a un endroit dans mon corps où j’ai mal. Je lui dis que j’ai souvent un peu mal en bas du dos (c’était le cas à ce moment là). Il me demande de lui montrer où exactement et ensuite il met l’aiguille électrique à cet endroit. J’ai fait un cycle de cinq minutes pendant lequel j’ai progressivement augmenté le voltage jusqu’au maximum (ça reste très supportable si on augmente progressivement), au bout desquelles la douleur dans mon dos était tout simplement partie, et elle n’est pas revenue depuis !

Ensuite, il y a une autre machine d’auto électrocution venant de Chine, qui envoie de l’électricité entre la plante des pieds et deux patches qu’on peut mettre n’importe où (j’ai choisi le dos). Celle-ci a éliminé la douleur que je commençais à avoir dans les genoux.

La dernière machine s’appelle quelque chose « ions négatifs » et est de fabrication japonaise. On s’assoit sur une chaise en bambou qui est isolée du sol. Si quelqu’un qui se tient debout sur le sol vous touche une fois que vous avez placé vos pieds sur la machine, ça produit une petite étincelle. D’après ce que j’ai compris, la machine est chargée électriquement, ce qui permet au corps d’inverser certaines réactions biochimiques qu’il ne serait pas capable d’inverser autrement, ce qui permet de rajeunir. Les tenants prétendent même que cette machine peut guérir des stades avancés de cancer sans avoir recours à la chimiothérapie.

J’ai découvert ce centre de bien-être par ce qu’il est fréquenté par de nombreux adhérents au Nandaka Vihara.

Donc Nandaka est un endroit où l’on trouve des moines Theravada (en fait « moine » n’est pas le mot le plus précis : on les appelle bhikkhus, ce qui dans un language populaire de l’Inde ancienne, la langue Pali, signifie « mendiant », car les moines Theravada ne mangent que la nourriture qu’on veut bien leur donner). On y trouve aussi des « sayalays », ce qui si je ne me trompe pas est un mot birman désignant les femmes qui prennent également le vœu de célibat et n’utilisent pas d’argent. Il y a aussi des « yogis » comme moi qui sont ici essentiellement pour pratiquer la méditation dans un endroit paisible et favorable.

Je dois dire que l’endroit est très bien conçu à cet égard. Ça ressemble presque davantage à un spa qu’à un monastère bouddhiste. Si vous êtes un/e yogi ici, on vous alloue une kuti (endroit où dormir) et on vous nourrit deux fois par jour (pas de repas le soir). En échange vous acceptez de respecter les règles, qui ne sont pas très nombreuses (téléphone / internet un seul jour par semaine cependant). Je vais essayer de mettre une photo du programme journalier, mais en gros il y a deux « sessions de groupe » pendant lesquelles vous êtes censé être dans le hall de méditation, et deux sessions de récitations bouddhistes d’une demi-heure chacune (la session de groupe du soir n’est pas vraiment au programme). Pendant la majeure partie de la journée, vous êtes libre de faire comme bon vous semble, même si vous êtes censé pratiquer la méditation bouddhiste.

En parlant de méditation, c’est pour faire court la raison pour laquelle je me suis engagé dans ce voyage bouddhiste. Si vous souhaitez davantage de détails, il y a un texte bouddhiste que vous pouvez lire et qui cherche à répondre à la question d’un roi des temps anciens : « quels sont les bénéfices de la vie de moine (bouddhiste) qui sont visibles ici-et-maintenant ? »
http://www.buddha-vacana.org/fr/sutta/digha/dn02.html#pssp
(Il est peut-être préférable de sauter le début pour en venir plus rapidement aux réponses, car le texte est assez long).

Il s’agit en gros d’un résumé des pratiques auxquelles les moines bouddhistes vouent leur temps. Et ici, je vais profiter du fait que je suis encore un laïc parce que je vais faire me sera interdit plus tard une fois que je serai devenu moine, puisque les moines ne sont pas autorisés à parler aux gens ordinaires de leurs accomplissements (pour éviter les fausses déclarations etc.). Je ne fais pas ça pour me vanter, je souhaite simplement expliquer que je ne m’engage pas à l’aveugle, que j’ai bien un avant goût de ce qui m’attend plus loin sur ce chemin, et que je souhaite en avoir davantage.

Voici donc de quoi il s’agit : je pense que j’atteins parfois le premier stade d’absorption, où l’esprit ressent une sorte de joie subtile et uplifting, qui se traduit par un plaisir subtil qui traverse tout le corps et le fait se sentir comme du coton. C’est un peu comme se retrouver sur un petit nuage au-dessus de la réalité mondaine. Au moins une fois, je suis entré dans la cessation des pensées, où le plaisir mentionné plus haut devient si intense que l’esprit est totalement satisfait par l’expérience présente et ne veut plus être dérangé par aucune pensée. J’ai toujours beaucoup de progrès à faire car je ne parviens toujours pas à contrôler combien de temps je reste dans cet état, à d’une mauvaise expérience avec de l’ayahuasca en Amazonie en 2006 (si jamais vous prenez de l’ayahuasca, assurez vous qu’ils soient pleinement capables de vous accompagner et vous protéger lorsque vous perdez le contrôle de l’expérience).

Ces expériences de méditation procurent un plaisir tellement raffiné qu’il ne peut se comparer à aucun plaisir sensuel dont vous ayez pu faire l’expérience dans votre vie. C’est pourquoi il est si puissant et pourquoi il pousse les gens à devenir des moines / moniales bouddhistes.

Parce que si vous continuez à lire le texte dont j’ai fourni le lien plus haut, ces absorptions mentales sont dites être la clé pour libérer d’extraordinaires potentiels de l’esprit humain, accessibles seulement aux personnes qui ont choisi de rester complètement célibataires. Parmi ceux-ci, il y a le souvenir des vies passées, la lecture d’esprit et d’autres choses qui seraient considérées comme des « miracles » mais qui sont enseignées ici comme une science. Bien sûr, le but n’est pas simplement d’acquérir ces facultés, c’est le fameux nirvana, la fin absolue de toutes les insatisfactions.

J’ai un jour lu cette analogie, que je pourrais appeler l’analogie de la carte. C’est comme si on vous avait remis une carte au trésor des Caraïbes et que vous ayez navigué avec votre bateau jusqu’au point le plus proche indiqué « trésor » sur la carte. Vous avez utilisé les conseils indiqués sur la carte pour éviter les dangers (que vous trouvez exactement là où la carte vous dit qu’ils sont et la méthode indiquée sur la carte pour les éviter fonctionne parfaitement bien) et pour éviter de vous perdre. Vous avez réussi à vous y rendre et vous y avez trouvé le premier trésor indiqué. Maintenant vous regardez le reste de la carte, qui vous promet des trésors bien plus grands et vous êtes impatient.e de reprendre la mer pour aller voir ce qu’il en est. Voilà à peu près l’espace mental dans lequel je me trouve en ce moment.

Ceci dit, tout n’est pas rose ni facile, et la navigation peut s’avérer assez difficile parfois, mais le prix en vaut bien l’aventure, à mon avis.

Ainsi, tous les jours je passe l’essentiel de ma journée en méditation, soit navigant vers mon île au trésor mentale, soit comptant mes pièces d’or (voire les deux en même temps !) selon le cas.

J’ai demandé à devenir samanera, ce qui correspond à un statut de moine-light, ce qui est censé se réaliser ce week-end. Visuellement, je serai indiscernable d’un moine, mais j’aurai beaucoup moins de règles à suivre. Cela permettra à la petite communauté de moines d’évaluer si je suis prêt pour le grand saut suivant dans le statut de moine complet, ce qui j’espère arrivera au cours du mois de Juin.

D’ici là, j’espère que vous vous porterez au mieux.

Meilleurs souhaits

remy

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