Nouvelles n°2 : Nandaka Vihara, 13 Juin 2022

Salut tout le monde, j’espère que le monde vous a bien traités depuis mon dernier email / post.

En ce qui me concerne, il y a une semaine, je suis devenu un samanera. Ce qui signifie que maintenant je porte les robes, et en général j’arrive à faire en sorte qu’elles ne tombent pas tout le temps de mes épaules (style de vêtements vieux de 2500 ans, les fermetures éclair n’étaient pas encore tout à fait prêtes à l’époque). Je suis donc dans un état intermédiaire entre un laïc et un moine. Mais à part le fait que je porte les robes et que je mange avec les moines, rien n’a vraiment changé dans ma vie quotidienne.

Je passe toujours l’essentiel de mon temps dans ma chambre privée en méditation, avec des améliorations encourageantes d’un jour sur l’autre. S’il n’y avait pas ces améliorations, je vivrais essentiellement le même jour tous les jours. Mais ce n’est pas du tout ennuyant parce que je m’amuse plus que jamais, seulement c’est une forme d’amusement qui est très calme et profonde. Et tout cela fait que chaque jour je suis de moins en moins attiré par le monde extérieur et tous les problèmes qu’il recèle.

Pendant ma méditation, il s’est passé quelque chose qui m’a rappelé un épisode de ma vie, qui s’est produit il y a 16 ans, pendant ma dernière année en tant qu’étudiant, dépendant de mes parents. À l’époque, j’avais développé un intérêt pour la culture et la spiritualité indiennes. Je pratiquais le hatha yoga et je souhaitais en apprendre plus au sujet de la méditation, mais je savais que je devais l’apprendre des bonnes personnes, et donc la première étape devait être de trouver qui pourraient bien être ces personnes.

Du coup je me suis rendu à la bibliothèque municipale de Montpellier où j’habitais, et là ils avaient un grand catalogue de films et de documentaires qu’on pouvait regarder sur une télé dans un endroit isolé. J’ai dû rechercher le mot-clé « ashrams » puisque j’ai trouvé un documentaire datant de 1959 qui s’appelle « ashrams ». Je l’ai donc regardé sur une des télés qu’ils avaient à disposition, et une partie de ce documentaire a eu un effet profond sur moi.

C’était la partie dédiée à Anandamayi Ma, qui était toujours vivante et au pic de sa forme à l’époque où le documentaire avait été filmé. De nos jours, ceux-ci sont très faciles d’accès sur youtube, et voici donc la partie en question : https://youtu.be/IrdlNJDT_1I (désolé, mon ordinateur a pris des moisissures parce que je n’ai pas été autorisé à l’utiliser, et donc je suis obligé d’écrire sur mon téléphone, et l’interface buggue quand j’essaye de mettre en place le lien correctement ; il se peut que vous ayez à le copier / coller vous même).

J’étais impressionné par l’expression de son visage (surtout ici) et par son attitude en général. Mais ce qui m’a le plus impressionné c’est ce qui s’est produit lorsque je suis sorti de la bibliothèque après avoir regardé le documentaire. Je repensais à ces images, que je voulais rencontrer quelqu’un comme ça, et j’étais en train de me dire que mon objectif dans la vie serait de voyager en Inde afin de trouver de telles opportunités. J’étais en train de me diriger vers l’escalator, quand j’ai été touché de manière inattendue par une sorte de douche d’amour étrange et puissante, et la notion apparut en moi que non seulement je pouvais rencontrer une telle personne, mais je pouvais en devenir une moi-même. Cette sensation et cette idée semblaient sortir de nulle part et j’eus le sentiment que d’une manière ou d’une autre ils venaient d’elle. Je savais que le chemin pour en arriver là serait long, mais à partir de cet instant là, j’avais un objectif clair dans ma vie.

Et maintenant, 16 ans plus tard, je me retrouve à faire quelque chose que j’ai longtemps pensé que je ne ferais jamais : devenir un moine. Et donc je suis assis en méditation, et je parviens à obtenir ce sentiment de joie subtile qui semble s’écouler dans mon esprit à partir d’une source de bonheur perpétuelle, et ce sentiment crée une sensation de plaisir dans mon corps, tout autour duquel je la fais intentionnellement se propager, et elle se met à se multiplier. En l’espace de quelques secondes, elle devient si puissante que mon corps ne peut plus la contenir et elle se met à s’échapper partout autour de moi.

Je sens que cette sensation est simplement le résultat du fait que mon corps se synchronise avec un réseau ubiquitaire, une source d’amour infinie à laquelle on peut se connecter à n’importe quel moment, si on parvient à un état d’esprit propice. Je me sens comme une antenne, recevant et retransmettant ce signal puissant de bienveillance inconditionnelle et universelle, comme une machine, sans que ma personnalité ne soit impliquée dans ce processus. C’est comme être amoureux de tout ce qui existe, avec tous les êtres vivants de l’univers et avec l’univers lui-même, comme être traversé par d’infinies fractales kaléidoscopiques et multicolores qu’on ne peut voir qu’avec son cœur.

Et à ce moment là j’ai su que j’étais arrivé là où vit Anandamayi Ma. Je n’étais qu’un invité de passage, mais je sais que si je continue à améliorer ma pratique jour après jour, le moment viendra où je serai capable de m’y rendre quand je voudrai. Et quand ça se produira, je réaliserai vraiment le pressentiment que j’ai eu il y a 16 ans.

Certaines personnes diraient peut-être que j’ai simplement fait l’expérience de l’ouverture de mon Chakra du cœur, et ils auraient probablement raison, mais hé, ça fait se sentir suffisamment bien pour en parler.

Quoi qu’il en soit, le sentiment que j’ai eu juste après cette expérience, c’est que nous appartenons tous au même arbre de l’humanité and nous dépendons tous les uns des autres pour notre survie et notre bien-être, et tous les jours, nous nous protégeons les uns les autres, souvent sans même plus y penser. C’est juste ces choses que tous les humains font quand ils sont civilisés, c’est juste ce qui est attendu d’eux, et on considère juste ça comme allant de soi. On oublie d’apprécier ces actes de bienveillance quotidiens à leur juste valeur, et trop souvent on néglige de se remercier les uns les autres.

Les enfants prennent les soins de leur parents pour acquis, et même parfois comme un dû, et les remercient rarement pour quoi que ce soit. Les maris, souvent, ne remercient pas suffisamment leur femme et les femmes, souvent, ne remercient pas suffisamment leur mari. Il en va de même pour les frères et sœurs, les amis, les collègues et même n’importe qui qu’on rencontre au magasin et qui est suffisamment prévenant pour faire la queue derrière nous au lieu d’essayer de nous passer devant. Aucun acte de gentillesse ne devrait passer inaperçu, et de manière générale nous devrions avoir beaucoup plus de gratitude les uns envers les autres.

Je sais que j’ai négligé tout cela autant que quiconque, et je voudrais saisir l’opportunité de remercier quiconque lit ceci, et également tous ceux qui ne liront jamais ceci. Je voudrais remercier spécialement tous ceux qui ont contribué à ce que j’arrive là où j’en suis aujourd’hui. Toutes les personnes que j’ai jamais rencontré et qui ont eu assez de gentillesse pour ne pas me tuer, toutes les personnes qui m’ont écouté, toutes celles qui m’ont aidé, surtout mes parents, mes frères et sœurs, les membres de ma famille, les collègues et connaissances. Merci d’être qui vous êtes et j’espère que chacun restera libre du danger et du malheur, que vous trouverez un bonheur véritable et profond et que vous demeurerez en harmonie avec le monde autour et à l’intérieur de vous.

Paix et amour.

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